Il n’est pas difficile, Brynjolf. Il n’est pas difficile à satisfaire, il n’est pas difficile à décevoir, il n’est pas difficile à amuser, il n’est pas difficile à ennuyer, il n’est pas difficile à intéresser, il n’est pas difficile à mécontenter. Bryn, il a cette manière d’envisager les choses avec simplicité, presque avec légèreté. Il aborde les problèmes avec une sérénité déconcertante, un mélange d’insouciance et d’indifférence, comme si les obstacles glissaient sur sa peau sans jamais la pénétrer. Comme s’il ne prenait plus la peine de s’embarrasser des futilités qui accompagnent chaque segment de sa vie. Comme si les détails lui échappaient, et que seule l’issue la plus logique, la plus préférable, soit l’unique solution et l’unique voie à suivre, même si celle-ci doit entraîner certaines conséquences néfastes. Non, il ne s’encombre ni du passé ni du futur ; il ne s’encombre pas de préoccupations secondaires, à savoir ce qui est bien ou ce qui est mal. Ce qui est juste ou injuste. Il aime privilégier ce qui est pratique et efficace à ce qui est acceptable, convenable ou raisonnable.

Il est sacrément fermé d’esprit, Brynjolf. Persuadé que ses idées sont les meilleures qu’il puisse être, il se voue une confiance illimitée et indiscutable. Il n’a pas l’habitude de suivre les conseils extérieurs, même s’il les écoute. Il n’a pas l’habitude de négocier ou de débattre des grandes questions de la vie, puisqu’il s’est forgé ses propres croyances et que celles-ci sont inébranlables, imperturbables. Il observe le monde depuis ses paupières à demi closes murées d’œillères, et a par conséquent beaucoup de mal à concevoir qu'on puisse avoir des idées différentes des siennes et de celles qui sont véhiculées par le régime.

Oh, Brynjolf n’est pas quelqu’un de désagréable ; au contraire. S’il peut parfois se montrer un peu cynique, c’est un être avant tout très attaché à la race humaine, et très optimiste envers celle-ci. Il croit en son potentiel, et ne comprend pas ceux qui en doutent - pour lui, douter de l’homme revient à douter de l’ordre providentiel, et douter de son dieu est un parjure, une déviance inexcusable. Cordial, poli et souriant, il lui est très facile de tisser des liens et il sait avant tout entretenir ses relations. Espiègle mais chaleureux, il est de bonne compagnie. Un poil trop noir, son humour peut parfois déstabiliser et ses sarcasmes peuvent déranger, mais Bryn est dans l’ensemble quelqu’un d’agréable et de relativement curieux, qu’une discussion intéressante captive toujours - même s’il restera, quoi qu’il arrive, sur ses positions, du moins concernant les sujets les plus importants. Il est également sensible aux belles choses, et s’intéresse de très près à la recherche.

C’est un bon vivant, Brynjolf. S’il n’a pas d’ambitions particulières, il tient à profiter de la vie, parfois en se laissant porter par celle-ci. Il passe très vite à autre chose, dans ses sujets de conversation comme dans ses sentiments et émotions. Pas spécialement exigeant, il peut se montrer très expéditif envers certaines de ses tâches, et il abandonne très vite lorsqu’il se heurte à un obstacle trop imposant, rebondissant le plus souvent sur autre chose. Il prend parfois trop les choses à la légère, à l’exception de ce qu’il considère comme des déviances. Même s’il possède un sens de la morale questionnable, c’est quelqu’un de relativement droit dans la mesure où il respectera toujours profondément ses croyances et ses conceptions de la vie, ainsi que sa parole. C’est un type finalement assez loyal, fidèle à lui-même mais aussi aux autres, même si sa fermeture d’esprit peut déranger. Extrêmement conformiste, Brynjolf n’a en effet pas l’habitude de trier les choix qui s’offrent à lui lorsqu’il s’agit d’exterminer l’opposition. Il ne recule pas devant la violence, même s’il préfère l’éviter. Franc et honnête, il n’a cependant pas l’habitude de faire les choses dans le dos des gens ; préférant mille fois les avertir si leurs activités rentrent dans le champ de ce qu’il considère être déviant.