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I stand firm for our soil. [Charlotte ♥]

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I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le Lun 20 Juil - 17:25



Nyx n'avait plus de raison de s'attarder dans ce bar miteux. Elle demeurait pourtant assise sur son tabouret, nonchalamment accoudée au comptoir criblé de trous causés par de trop nombreux échanges de tirs. Elle en occupait l'angle afin de surveiller toutes les allées et venues du coin de l’œil. La tension patente qui se dégageait des corps et des conversations lui rappelait durement la difficulté du but premier que Strife s'était fixé. Rallier les districts. Domestiquer et organiser efficacement toute la haine qui y grondait. Il s'agissait d'avoir des bras, des yeux et des oreilles partout. Ça impliquait de trouver les personnalités les plus influentes des districts et de les soumettre plus ou moins subtilement, en fonction de la résistance qu'elles opposaient. Nyx aurait à travailler au corps celle qui venait de la quitter.

Officiellement, ces efforts n'avaient rien à voir avec la rébellion – la mentionner, même officieusement, était pour l'heure trop risqué. Puisqu'on était a priori condamné à y vivre longtemps, on prétendait « améliorer la vie » au sein de la périphérie. Y réduire un tant soit peu la mortalité – et partant, l'insalubrité –, faciliter les transactions – un commerce, même illégal, nécessitait d'être bien mené –, diminuer le fossé entre les petites frappes, les gros caïds et ceux qui n'avaient tout simplement rien demandé, qui n'avaient pas les mains tout à fait sales. On jouait en quelque sorte aux robins des bois. On se rendait utile. Et on prouvait aux récalcitrants que la sempiternelle « loi du plus fort », cette fois, ne jouerait pas en leur faveur. Ça fonctionnait plus ou moins. Strife devait encore déloger pas mal de têtes.

Nyx termina son verre de lait chaud et, sans se soucier d'essuyer la moustache blanche dont la grimait chaque gorgée, en commanda un autre, observant attentivement la barmaid le porter à ébullition. Elle ne buvait plus que très rarement. Par prudence, certes, mais aussi parce qu'elle n'avait pas besoin d'alcool pour s'amuser et être conne comme ses pieds.
Sur fond de musique chevrotante diffusée par un tourne-disque fatigué, des affaires se réglaient. C'était encore relativement calme. On haussait le ton de temps en temps, on débloquait parfois l'accès à la queue de détente de son arme en guise de menace. Mais on n'avait toujours pas fait de pulpe.
De longs sifflements trahirent soudain des appétits grossiers. Nyx tourna les yeux vers celle qui venait de les exciter.
And when you walk
Do you walk to your preference ?

Charlotte Hänzel
Charlotte Hänzel
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Re: I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le Mar 21 Juil - 15:02
La fatigue pesait sur elle à la manière d'une enclume et les outils se faisaient lourds entre ses mains. Le charme et l'efficacité de ses créations n'était dus qu'à son entêtement et son esthétisme obsessionnel ; ici, il n'y avait ni haute technologie ni matériaux d'excellente facture et on ne devait sa réussite qu'au génie fou et à sa propre maîtrise, la technique n'avait rien à voir avec tout ça. C'était donc de longues heures de travail qui l'attendaient chaque jour pour donner forme à quelque chose, un tourbillon qui aspirait toute son énergie et la poussait toujours plus vers la mort. Sans cette passion dévorante pour les armes à feu, peut-être aurait-elle abandonné son activité, plus gourmande que lucrative.

Ici, tout était minuscule mais elle avait quand même réussit à installer une coiffeuse dans une pièce de la taille d'un placard à balai. Sa triste mine avait quelque chose d'effrayant et une fois qu'elle eut revêtu une robe courte, laissant plus deviner qu'elle n'en montrait, elle s'affaira se donner meilleure image. Elle brossa avec un certain plaisir ses longs cheveux blonds, marque incontestable de sa féminité et qui, lâchés libre, glissaient gracieusement jusqu'au creux de ses reins. Au soleil, ils prenaient cette précieuse couleur dorée et elle regrettait d'avoir toujours affaire à cette fichue lumière artificielle.
Une touche de maquillage suffit à rendre son visage à nouveau lumineux et elle resta un moment à s'admirer devant le miroir. Nul doute qu'ainsi, elle ferait bien tourner quelques têtes, de quoi distraire pour s'en mettre plein les poches. Ou plutôt trois pauvres pièces car à l'image du quartier miteux où elle se trouvait, la plupart des gens n'avait rien d'intéressant, sinon cette horrible crasse qui les recouvrait.

Mais Charlotte ne vivait pas de désespoir et c'est avec un certain optimisme qu'elle s'élança dans la ruelle. Le bruit de ses talons et ses formes généreuses étaient bien suffisants pour faire oublier une main un peu trop indiscrète et ces pauvres crétins se trouvaient déplumés, à peine la dépassaient-ils.
Le petit jeu ne dura pas longtemps, vite lassée par ces personnages écœurants dont elle ne trouvait pas grand-chose à tirer. Tournant dans une autre ruelle, elle sortit de son sac à main son maigre butin et tâcha d'en faire le tri. Bon, ce n'était pas finalement une si mauvaise pêche et elle avait largement de quoi aller boire un coup, l'un des petits moments de sa journée qui lui permettaient de se détendre un peu. Et elle savait ô combien c'était nécessaire pour oublier sa misère permanente, faire disparaître pour un instant toutes ces choses moches autour d'elle, tous ces gens insignifiants. Il semblait qu'il n'y ait ici pas une seule fichue âme capable d'attirer son attention et d'occuper son temps autrement que par un dédain fermement affirmé.

Par hasard, elle poussa la porte d'un de ces bars miteux comme on en voyait des centaines. Qu'elle y soit déjà allée ou non, c'était sans importance, ils se ressemblaient tous. Et déjà voilà qu'on la sifflait et qu'on lançait quelques remarques vulgaires ; esquivant les mains baladeuses, elle les gratifia d'un sourire à défaut d'un bon coup de poing et se servit elle-même pour se rembourser de leur comportement qui l'irritait tant. Les hommes n'étaient que des lopettes, tout juste destinés à se satisfaire de ce genre de chose et incapables de la comprendre ou même d'essayer de lui faire plaisir ; ça faisait longtemps qu'elle ne se gênait plus pour arriver à ses fins et lorsqu'elle en avait l'occasion, elle prenait un malin plaisir à faire souffrir ces pourritures.
Une fois qu'elle eut passé l'entrée, le bar était assez calme. Elle se fraya un chemin jusqu'au comptoir et eut la délicieuse surprise d'y voir une autre femme attablée.

Elle était du genre mignonne, avec ses cheveux rouges et sa gueule de sale chieuse ; un petit intermède à sa journée pour s'amuser un peu. Elle eut même la surprise de découvrir qu'elle avait à la place des jambes des prothèses mécaniques, ça lui donnait un certain charme.

Un des hommes l'avait suivi en quête de plus de faveurs mais ne la dérangea pas longtemps. Sans même prendre la peine de tourner la tête, elle sortit son arme et la colla sur son front, non sans une certaine violence.

― Casse-toi, sale minable, lâcha-t-elle simplement mais avec suffisamment de fermeté pour qu'il comprenne qu'elle n'hésiterait pas à faire feu.

Il n'était pas assez idiot pour avoir envie de laisser un bout de sa cervelle traîner sur le sol et se retira en silence, humilié une deuxième fois par les rires des autres hommes. En guise d'avertissement, elle laissa son arme sur le comptoir. C'était l'une de ses créations, un modèle moyen qui se rangeait facilement dans son sac à main et sur lequel elle avait longuement travaillé le design. Elle le considérait comme un de ses petits bijoux.
La barmaid posa le verre de lait chaud devant sa voisine et elle lui commanda un mojito.

― Jolies gambettes, dit-elle d'une voix suave, tournant son joli visage dans sa direction, un léger sourire aux lèvres.
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Re: I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le Mer 29 Juil - 12:44


Ses yeux coulèrent tranquillement sur la jeune femme. Partout, comme des mains. Elle avait une allure à tout casser... Autrement dit, à se faire violer tous les dix mètres. Nyx cilla posément. C'était peut-être une pute. Pourtant elle n'avait pas vraiment l'air de se vendre et la recherche indéniable de sa mise comme son port de tête ne promettaient paradoxalement pas de plaisirs faciles. Les putains exhalaient autre chose, ne se faisaient pas désirer de la même façon. Ou peut-être s'offrait-elle simplement une petite pause.
Trop d'informations, soudain. Trop de nuances. Rappelée à ses insuffisances, Nyx finit par avoir un imperceptible mouvement de recul, comme la truffe d'un chien confrontée à la fragrance d'une eau de toilette trop sophistiquée. Elle se réfugia dans son verre de lait. La nouvelle arrivante, conclut-elle intérieurement, devait en tout cas posséder pas mal de ressource pour n'avoir toujours pas l'air d'une vessie. Ou une veine de cocu.

Elle ne tarda pas à obtenir un élément de réponse. Et ce fut assez joli à voir. Presque rafraîchissant. Son amour démesuré pour les armes à feu la rendait généralement sensible aux scènes de ce genre, à leurs détails surtout : la tension du bras, la fermeté de la main, l'inflexion plus ou moins menaçante de l'index, sûrs indices des intentions et de l'expérience du tireur ; enfin – ce qu'elle préférait –, les pliures presque câlines de la paume autour de la crosse. De toute évidence, la jeune femme ne portait pas seulement une arme pour se rassurer et se donner les moyens de recourir à la légitime défense. Tant mieux pour elle. Le type qu'elle venait de rabrouer reviendrait immanquablement à la charge, bien plus éméché et armé cette fois. On n'infligeait pas impunément une telle humiliation, ici-bas.

Tandis qu'il s'écartait à reculons puis s'éloignait pour de bon, Nyx eut pour lui un regard un peu bovin. Une vague lassitude la gagna et elle prit enfin conscience que son entretien infructueux avec l'une des grosses têtes du district avait légèrement entamé son humeur.
Le « compliment » aurait de toute façon été mal reçu.

« Tu t'fous d'ma gueule ? » Nyx n'était pas et ne serait jamais en mesure de comprendre l'inclination qu'on pouvait se sentir pour les membres bioniques. Surtout pas après avoir profité tout son soûl de vraies jambes mesurant un peu plus d'un mètre vingt. Il lui semblait qu'elle n'arriverait jamais à en relativiser totalement la perte, en dépit des avantages considérables que ses prothèses lui apportaient. D'un geste mi-pudique, mi-contrarié, elle tira sèchement sur chacune de ses longues chaussettes dépareillées, de façon à s'en recouvrir les cuisses. Au sein des districts, elle ne les cachait plus vraiment, à présent, pour diverses raisons ; mais ça ne signifiait pas qu'elle était disposée à en parler comme de la pluie et du beau temps.
Elle émit un petit grondement. Au sourire de la jeune femme, à la différence du ton qu'elle venait d'employer à son égard – et qu'on avait bien perçue –, Nyx opposait maintenant un air défiant, les sourcils froncés, le visage en biais et ne la regardant que du coin de l’œil comme pour ne pas se laisser éblouir – mais par quoi ? Son raffinement sur commande – juste là, dans le grain de sa voix –, sa beauté... Une moue farouche froissa ses lèvres. Elle s'empressa de changer de sujet.

« Joli flingue. » C'était tout de même mieux. Son regard s'adoucit sensiblement alors qu'elle considérait l'arme de loin, avec une attention presque amoureuse. Elle se sentit une folle envie de s'en emparer. De la garder pour elle. Mais elle demanda plutôt : « C'est qui ton fournisseur ? » Nyx possédait un vaste arsenal et savait par conséquent reconnaître les modèles qui sortaient de l'ordinaire. Elle connaissait la plupart des bons concepteurs qui se terraient dans le district 666. Quelques-uns situés à Galiea. Celui-ci lui échappait et son esprit de collectionneuse en souffrait déjà.

Charlotte Hänzel
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Re: I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le Ven 7 Aoû - 15:42
Sans la moindre attention, on posa le verre en face d'elle avec un grand bruit.
Laissées seules, presque en tête à tête, Charlotte savourait ce petit plaisir et arguait ce léger sourire, mi charmeur, qui seyait si bien à sa bouche. La réponse franche n'avait rien éveillé d'autre en elle qu'un vague amusement. « Ouais », avait-elle juste envie de lui rétorquer, avec sa voix de pétasse et son regard mesquin. Mais le petit jeu aurait fini tout de suite et elle ne s'était pas encore rassasiée des possibilités que lui offrait sa délicieuse compagnie.
Elle lâcha un bref petit rire.

Ses yeux se posèrent sur ses mains lorsqu'elle remonta ses chaussettes, c'était comme si elle l'avait gênée. Seul l'aspect exotique de ces bouts de métal lui avait procuré un certain intérêt, elle n'avait pas pour ce genre de mode la moindre attirance et préférait largement balader ses mains sur des jambes douces que sur ça ; à moins qu'il ne s'agisse d'une arme bien sûr mais ça, c'était une autre histoire. Elle se réjouit cependant de sa remarque, elle avait touché un point sensible et aimait particulièrement ça. Peu importait que ça lui attire la haine ou l'amour, c'était toujours très excitant de pousser les gens derrière quelques-uns de leurs retranchements.
Elle aurait volontiers continué la plaisanterie un peu plus longtemps mais il s'agissait là d'une femme, et pour celle-là, elle avait d'autres projets.

Elle avait détourné son regard de sa voisine pour le fixer droit devant elle et attrapa distraitement son verre pour en siroter quelques gorgées. Ce fut sa proie qui fit le second pas. Un compliment, voilà quelque chose auquel elle ne s'attendait pas, mais il s'ensuivit aussitôt d'une question qui lui fit perdre son sourire au profit d'un air méprisant.
Lentement, elle tourna son visage, jusqu'à plonger ses yeux dans les siens, tentant de déceler quelque chose derrière cet air fasciné. Il y avait là quelque chose de terriblement flatteur mais Charlotte avait son caractère et la rancœur facile, aussi était-elle bien décidée à lui faire payer ce petit affront.

― Amatrice ? Susurra-t-elle, sans avoir le moindre doute quant à sa réponse. Si elle n'avait pas été passionnée, elle n'aurait certainement pas porté une telle attention sur son merveilleux travail. Peut-être pas tant que ça, en fait, répondit-elle à sa place, avec ce ton piquant qui rendait toujours ses aventures dangereuses.

Et comme elle n'avait pas peur de jouer avec le feu, d'un coup précis de la main, elle envoya l'arme glisser jusque sous son nez, pour qu'elle l'observe de plus près et bave davantage. Oh, elle n'était pas du genre à faire de son activité un impénétrable secret mais elle ne considérait pas un éventuel client comme un objet à séduire et se gardait toujours le droit de renvoyer chier ceux qui ne lui plaisaient pas. Bien sûr, elle avait un petit faible pour les femmes qui aimaient les armes et elle se sentait plus d'humeur boudeuse que rancunière. Elle avait envie de la faire mariner un peu, ou peut-être qu'elle ne lui dirait rien du tout. Après tout, commander chez elle, ça se méritait et elle n'allait pas lui donner quoi que ce soit sans effort.

― Mmmh. Je te donnerais son nom avec plaisir mais... chérie, rien ne s'obtient gratuitement en ce monde.

L'ambiance semblait être devenue électrique et Charlotte commençait à prendre un malin plaisir à jeter de l'huile sur le feu. Instinctivement, elle n'avait aucun doute que sa mignonne était l'une de ces dures à cuire qui ne se contente pas seulement d'insulter les gens.
Une chose était sûre, ça allait mal finir tout ça.
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Re: I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le Sam 8 Aoû - 11:50


L'expression de la jeune femme varia soudainement, et Nyx ne comprit pas pourquoi. L'incertitude lui froissant boudeusement la bouche, elle soutint son regard, interrogatrice, avant de froncer les sourcils. Elle ne comprit pas non plus le fondement de ses paroles. Si c'était bien de la provocation – en l'occurrence, de la provocation gratuite. Son regard finit par se durcir légèrement. On n'obtient rien sans rien, hein ? Et son poing dans la gueule pour ce genre de sous-entendu prétendument connaisseur, ça lui paraîtrait assez équitable ? Nyx, sans le savoir, se piquait pour la première fois aux épines arbitraires de la versatile Charlotte.
Et elle avait déjà horreur de ça. Mais on saurait bien en forcer la rétraction, n'est-ce pas.

Le cheminement précis de l'arme jusqu'à elle la détourna momentanément de ses pensées vindicatives ; lui arracha même un petit sourire ourlé de satisfaction, presque de candeur. Naturellement, Nyx ne se contenta pas de l'observer de plus près. Elle s'en empara d'une main assurée afin d'en éprouver l'ergonomie, et fit mine pour cela de mettre en joue le trop joli visage de l'inconnue. Son sourire n'était désormais plus qu'une ombre et la noirceur luisante de son regard, l'espace d'un instant, signifia très clairement « Ne me tente pas. »
Nyx, paradoxalement, ne croyait pas vraiment en l'efficacité de la dissuasion et des avertissements. On l'avait très peu prévenue, dans sa vie, et en ces circonstances où tout allait toujours trop vite, l'action seule s'était révélée vraiment salutaire.

Elle garda l'arme en main après l'avoir abaissée. Décidément superbe. Nul doute, en somme, que Charlotte ne la récupérerait jamais.

« J'me contenterai d'celle-là pour l'instant. », rétorqua-t-elle tranquillement après avoir bu une longue gorgée de lait. « Comme t'as l'air bien chiante, on va dire que c'est assez cher payé d't'avoir supportée. J'espère juste que ton fournisseur t'en voudra pas trop d'l'avoir privé d'une cliente en or. » C'était une façon parmi tant d'autres de ne pas entrer dans son jeu.
Mais Nyx, en contradiction avec elle-même et probablement excédée par ses échecs précédents, se mit pourtant à surenchérir, sans considération pour le regard éloquent de la barmaid qui ne voulait pas d'autres trous dans son comptoir.
« Après, c'est sûr qu'on peut toujours jouer à ton p'tit jeu à la con. Donc dis-moi un peu... » Le ton faussement conciliant qu'elle avait pris se nuança d'incrédulité. « Tu veux quoi en échange ? Une bonne rouste ? » Inutile de préciser que c'était un moyen de paiement auquel elle avait souvent recours. Ça se voyait effectivement, ne serait-ce qu'à la dureté très perceptible de ses mains et à aux écorchures de ses phalanges durablement abîmées par les trop nombreux coups assénés. « Sinon, j'peux aussi t'raccompagner chez toi, histoire qu'il t'arrive rien maintenant qu't'es désarmée. Ma pauv' bibiche. » Ne porter qu'une arme sur soi, ici ? Elle ne lui fit l'offense d'y croire qu'en apparence.

Charlotte Hänzel
Charlotte Hänzel
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Re: I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le Ven 21 Aoû - 17:42
L'arme était comme une biche qu'on aurait jetée en pâture à une meute de loups et l'opportunité même de pouvoir s'en saisir en toute impunité entraîna l'inévitable. Charlotte laissa transparaître un léger sourire de satisfaction. A ses yeux, le poisson venait juste de mordre à l'hameçon et si le fait qu'il se montre gros et coriace avait tout pour lui plaire, elle savait aussi que maintenant elle reviendrait inéluctablement jusqu'à elle.
Son but atteint, Charlotte se contenta simplement de détourner son attention et ne cilla pas lorsqu'on pointa sur elle l'arme chargée. Son silence était la garantie de sa survie et elle n'avait aucune raison de donner une fin aussi abrupte à ses petites provocations. La plupart des gens préféraient enchérir sur les insultes plutôt que de passer à l'acte et quant bien même elle ne serait pas de leur niveau, l'issue n'avait pas d'importance. Elle se délectait de cette sensation de danger et était trop fière pour montrer la moindre peur.

C'est sans surprise qu'elle décida finalement de garder l'arme, une sorte de cadeau dont elle espérait qu'il ferait son effet avec le temps. Elle était particulièrement contente de celle-ci et n'aimait pas tout fait l'idée de la refiler à n'importe qui mais elle avait pour cette jeune femme un certain goût qui dépassait la simple attirance physique. Elle voulait en connaître davantage à son sujet et n'avait donc pas hésité à sacrifier les moyens nécessaires pour arriver à ses fins.

Elle ne répondit pas à sa provocation, c'était en effet cher payé mais c'était un investissement dont elle espérait bien obtenir les fruits rapidement. Car Charlotte attendrait non sans impatience la cliente en or qu'elle lui promettait et comptait bien la voir arriver bientôt devant Taylor ; sa rapidité ne serait que la preuve de sa détermination.

Mais son interlocutrice ne s'arrêta pas là, bien décidée à lui rendre la monnaie de sa pièce. Charlotte éclata de rire, penchant naturellement la tête en arrière et découvrant des dents d'une blancheur étincelante. Tout ça ne ressemblait qu'à des menaces faciles et elle s'en amusait d'autant plus que la violence n'avait jamais été un moyen de lui soutirer quoi que ce soit.
Quel genre de personne stupide prendrait la peine de donner son unique arme à une inconnue, au risque de se retrouver sans défenses et livrée au bon vouloir des autres, et surtout en ces quartiers sordides ?! La blonde se rapprochait plus facilement d'un arsenal explosif vivant que de la pauvre bibiche à laquelle on semblait vouloir l'associer.

Dérangée par sa présence un peu trop insistante, Charlotte fixa pendant assez longtemps la barmaid pour que celle-ci se décide finalement à aller voir ailleurs. Sans se presser, elle vida ce qu'il restait de son verre.

― Rentrer chez moi ? Mais la soirée vient tout juste de commencer et je ne suis plus une gamine, répondit-elle sur un ton insolent.

Elle se leva pourtant et se tourna à nouveau dans sa direction, après l'avoir ignorée de son regard pendant si longtemps.

― Mais tu proposes de m'escorter si gentiment que je ne peux tout de même pas refuser... Après tout j'ai toujours rêvé d'avoir un toutou rien que pour moi. C'est ma première fois alors soit gentille... ne put-elle s'empêcher de rajouter, par pure moquerie.

Comment refuser sa convoitise alors qu'on la lui offrait justement sur un plateau ?

― Je vais aller manger maintenant mais je suis sûre qu'au restaurant on devrait pouvoir te trouver quelques croquettes.

C'était le moment où le cabot allait sûrement mordre alors Charlotte lança quelques pièces sur le comptoir et se tourna pour se diriger vers la sortie.
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Re: I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le Lun 24 Aoû - 12:31


L'éclat de ses dents et de son rire lui inspira des sentiments contradictoires. L'envie de planter les siennes dans le galbe insolemment palpitant de sa gorge pour y déverser la frustration et la colère ravivées qui l'étreignaient à cet instant ; d'y imprimer irréparablement la marque de ses doigts. Et en même temps, une inclination irrépressible pour la provocation et le jeu. L'audace – ou plus franchement : les couilles de trois tonnes – qu'on lui opposait la captivait inconsciemment.
… Sans compter que jouer au vampire n'était pas trop son truc, tout bien réfléchi.
Elle n'aimait pas non plus la façon qu'avait la jeune femme de détourner le regard. Non, plutôt de le lui refuser effrontément. Nyx ignorait encore à quel point elle détesterait cette attitude dans l'avenir, et combien Charlotte en jouerait. Celle-ci, lui semblait-il pour l'heure, exhalait seulement un caprice pestilentiel qui lui chatouillait importunément les tripes et le nez. Et si Nyx se sentait de fait un goût certain pour les individus qui n'avaient pas froid aux yeux, son manque de patience finissait malheureusement toujours par la rattraper.
Les propos de la jeune femme avaient par ailleurs tout d'une invitation.

Elle n'eut qu'une crispation dans la mâchoire pour commencer. La colère affola son pouls, fit bouillir son sang jusqu'à ce que des palpitations lui remontent dans la gorge et dans les tempes. La jolie peste se pensait de toute évidence à l'abri d'une balle dans la cervelle, et il était vrai que Nyx n'avait aucun intérêt à la tuer si vite. Le poisson avait bel et bien été ferré. Ça ne l'avait pas rendu docile pour autant.
Car enfin, qu'on se moque d'elle, passe encore – c'était de bonne guerre, et elle était de toute façon la première à exploiter l'image du toutou pour se caractériser ; mais qu'on prétende le faire impunément, Nyx ne l'admettait pas. Après avoir susurré un « Va pour une bonne rouste. » presque las, elle essuya sa moustache de lait du revers de la main, abandonna un billet à la barmaid et coinça son nouveau joujou au bas de son dos, entre sa ceinture et son short. Le reste ne dura qu'une petite poignée de secondes.
Le temps de rattraper Charlotte en deux enjambées, de l'agripper par le bras pour la tirer vers le mur et achever de l'y précipiter en fauchant son trop joli visage d'un coup de poing bien rageur. Elle l'y maintint aussitôt de son avant-bras brutalement plaqué contre sa gorge et, d'une brusque poussée ascendante, la suréleva un peu plus haut que ses talons ne le faisaient déjà.
Sois gentille, hein ? Le message avait été reçu : on s'était contenté d'un seul coup.

« Bon. », commença-t-elle en regardant Charlotte droit dans les yeux. Mais comme l'assemblée s'était mise à hurler grassement et à taper du pied pour les exciter toutes deux à la bagarre, Nyx dut s'interrompre et saisir à nouveau l'arme qu'on lui avait si généreusement cédée. Elle prit instinctivement sa visée puis, sans se soucier des dommages collatéraux, fit éclater l'une des nombreuses pintes de bière jonchant les tables afin de signifier qu'elle n'était pas là pour se donner en spectacle. Fort heureusement les consommateurs, de leur côté, se trouvaient surtout ici pour affaires.
Nyx, définitivement conquise par sa nouvelle acquisition, en appliqua le canon encore chaud tout contre le bas-ventre de Charlotte.

« Le gnon, c'est juste pour pouvoir reconnaître ta putain d'gueule de chieuse et jamais t'perdre de vue. Tu sais qu'les cabots cherchent toujours à marquer leur territoire, hein ? Mais comme j'suis polie, j'l'ai pas fait en pissant. » La pommette avait pas mal souffert. Nyx, ordinairement sensible à la beauté, fronça un peu le nez, comme inconsciemment indignée par son propre geste. C'était sans doute un problème chez elle. L'intelligence voulait qu'on ne frappe personne. Par sa propension à la violence, elle était donc seulement stupide. Mais à cela ne s'ajoutait pas la sottise bien particulière du sexisme qui interdisait par prétendue galanterie de lever et abaisser la main sur une femme, présupposée plus faible. Il s'agissait là d'un respect hypocrite qui n'était au bout du compte qu'une autre façon, précisément, de tenir les femmes en respect. Et pour avoir elle-même grandi parmi de véritables guerrières capables d'encaisser et de rendre au centuple, Nyx se retrouvait à présent tout à fait étrangère à ce genre de considérations. Du reste, elle savait d'instinct que si la jolie peste immobilisée contre le mur n'avait à cet instant aucun intérêt à se servir de ses bras restés libres pour exprimer son mécontentement – surtout pas ici –, elle n'en était moins capable de – et du genre à – commettre l'erreur de trop, quelle que soit sa posture.

Nyx, magnanimement – ou imprudemment –, diminua donc le poids de son avant-bras contre sa gorge tout en lui intimant à voix basse de rester tranquille. Elle aurait dû en rester là. Mais par curiosité, elle eut sans tarder le vice de glisser le canon de l'arme sous sa robe, de manière à pouvoir la faire remonter lentement le long de ses hanches, dans un geste délibérément provocateur. Yeux baissés, elle finit ainsi par apercevoir le revolver que la jeune femme dissimulait tout contre sa cuisse. Sans surprise, n'est-ce pas ? Nyx souffla moqueusement par le nez.

« ... Et donc, tu m'invites à dîner si j'ai bien compris ? » Quoi ? Elle tenait à ses croquettes.

Charlotte Hänzel
Charlotte Hänzel
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Re: I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le Ven 28 Aoû - 17:59
En l'absence certaine d'un quelconque maître, le chien retourné à son état primaire n'hésita pas une seule seconde à se jeter sur sa proie. Rendue prétentieuse par son assurance inébranlable, Charlotte n'eut que le temps de réaliser qu'elle était déjà sur elle qu'elle fut plaquée aussitôt contre le premier mur venu, lui laissant pour seule certitude que ses arrières étaient bien couvertes. Le poing arriva sur elle avec la même vitesse et elle étouffa un cri de douleur entre ses dents serrées. L'erreur avait été de la laisser arriver jusqu'à elle car si à distance elle était capable d'en retarder plus d'un, le corps à corps avait pour elle un tout autre sens que celui du combat.
La douleur sur son visage s'était faite violente et ne s'atténuait pas, la trace qui devait se dessiner sur son visage mettrait certainement un moment avant de s'effacer et Charlotte en ruminait déjà une amère rancune. Trop fière pour admettre qu'en allant si loin ce geste était mérité, elle l'écoutait en la fixant droit dans les yeux, se jurant de lui faire payer au centuple cet affront. En d'autres circonstances, elle n'aurait pas hésité à lui cracher au visage mais on ne pouvait traiter une femme comme on le faisait avec un homme et le meilleur moyen pour se libérer de son emprise restait encore de ne rien faire.

A l'instar de son interlocutrice, son regard appuyé n'était pas simplement là pour lui résister, elle gravait dans sa mémoire chaque détail de cette sale gamine. Elle oubliait rarement un visage mais celui-ci, même caché par un quelconque déguisement, ne lui échapperait plus jamais.

Leur étreinte se desserra et elle ne put résister à l'envie de lui adresser un sourire lorsqu'elle commença à remonter sa robe avec sa propre arme. Quelle que soit sa volonté dans ce geste, Charlotte s'en amusait follement. Ses bras restèrent sagement le long du mur et seul son visage faisait exception à son immobilité ; ses yeux brillant d'une lueur maléfique transperçaient effrontément les siens.
Oh, elle avait peut-être gagné cette partie de la bataille mais Charlotte ne regrettait rien. Cette fille ne l'avait pas déçue, elle avait la force de caractère nécessaire pour ne pas se laisser faire et recevoir un coup pour cette précieuse information lui montrait au moins qu'elle n'avait pas perdu son temps. Ce n'était pas le premier qu'elle se prenait, ni le dernier. Seuls son vocabulaire et sa façon de parler, dignes d'un croisement entre un homme des cavernes et un charretier avaient de quoi l'agacer.
Elle se contenterait de son mignon visage pour le moment.

Sa menace finit d'elle-même et, alors que Charlotte se serait sentie dans l'obligation de la laisser en plan dans une dernière moquerie – comme un « c'est tout ? » qui n'aurait rien fait d'autre que la desservir – elle constata avec plaisir que sa petite proposition avait fini de l'attacher à elle. Une invitation ? C'était vraiment ce qu'elle pensait ?
La pétasse se contenta pour toute réponse d'un rire et, tout en se dégageant de son étreinte, sans un mot, elle haussa les épaules et sortit pour de bon de ce bar miteux, certaine qu'on la suivrait bientôt. Elle ne doutait pas que n'importe quel restaurant serait digne de ce cabot pouilleux qu'elle venait de recueillir mais si elle devait lui donner un avenir, il allait certainement falloir la jeter à l'eau et lui brosser ce poil affreux qui lui servait de pelage.

C'est dans un silence plat qu'elles déambulèrent dans les ruelles étroites du district et elles arrivèrent finalement devant la porte d'un de ces nombreux immeubles abritant on ne savait quoi de douteux, d'illégal mais surtout de toujours extrêmement privé. A l'entrée d'une porte se tenait une armoire à glace, un peu bête mais très efficace, qui les laissa passer sans un mot et elles descendirent dans un sous-sol.
C'était une pièce assez grande, sans autre prétention que celle de laisser se rencontrer ceux qui s'y étaient donnés rendez-vous et si le barman disposait d'un regard bien affûté, il ouvrait rarement la bouche. A une table, plusieurs personnes jouaient au poker et occupaient sans retenue l'espace sonore, un peu plus loin, dans un coin, un homme qu'elle savait tueur à gage en était à son énième verre de whisky et toisait de son regard froid le reste des occupants, plus loin et par-ci par-là d'autres mangeaient.

Charlotte salua le barman d'un simple signe de tête et il se contenta de lui rendre son regard. Puis, s'arrêtant non loin de l'entrée, elle se tourna vers sa compagne.

― Comme t'es nouvelle, je te laisse choisir la table, lâcha-t-elle simplement et d'une voix gracieuse qui jurait mal avec ses mots, comme s'il s'agissait d'une galanterie.

Elle connaissait tout le monde ici et chacun avait ses petites habitudes, l'inconnue n'avait plus qu'à choisir la tombe où elle voudrait bien s'enterrer. Charlotte sortit son étui à cigarettes et en glissa une entre ses lèvres.

― T'en veux ? Demanda-t-elle brusquement, mettant la boîte juste sous son nez.

L'homme du fond, sanguinaire à souhait, regardait les deux femmes avec un sourire vicieux, comme s'il s'agissait de ses prochaines victimes.
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Re: I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le Dim 27 Sep - 18:20


Le regard de Charlotte lui promettait une apocalypse à son échelle. Mais Nyx, bien sûr, n'était pas en reste. Ses yeux chargés d'humeur – quoique nuancée d'un léger amusement à présent – signifiaient éloquemment que tout se bouffait d'une façon ou d'une autre en ce bas-monde, y compris – surtout – la rancune de la jolie peste qu'elle maintenait contre le mur, aussi vindicative soit-elle.
Le sourire qu'elle lui adressa par ailleurs ne pouvait duper personne et, combiné à l'éclat malfaisant de ses yeux, en aurait sans doute glacé plus d'un. Toutefois ce fut pour Nyx – provisoirement, elle le savait – comme une hache de guerre qu'on enterrait. Sans chercher à interpréter son rire, ou le prenant tout simplement pour un « oui », elle se laissa repousser et perçut enfin les picotements persistants qui couraient sur le dos de sa main suite au coup qu'elle avait asséné. Par là même, elle croyait sentir par procuration la fièvre douloureuse qui s'était inévitablement déclarée dans la joue de Charlotte. Canon ou pas, elle l'avait tout de même bien cherché ; la moue qu'elle eut à cet égard, un court instant, aurait pu être l'indice qu'elle cherchait encore à s'en convaincre, mais il n'en était rien.

Sans surprise, elle talonna de fait la jeune femme de près, non sans avoir lancé au type précédemment lésé de quoi se racheter une autre pinte de bière. « Sans rancune mon vieux. » Il n'était pas bon de se faire aussi stupidement des ennemis dans les districts, si petits soient-ils. Comment ça, c'est mal barré ?

Nyx, comme toujours lorsqu'elle accompagnait quelqu'un, marcha un peu en retrait, à la fois pour garder un œil vigilant sur Charlotte et pour surveiller les alentours. Rester concentrée n'eut pourtant rien d'évident. Il y avait quelque chose d'étrangement distrayant dans sa silhouette ondoyante, dans la détermination mi-voluptueuse, mi-martiale de sa démarche.
Silencieuse, elle finit par avoir un froncement de nez et trouva une heureuse échappatoire dans la bâtisse qui les engloutit bientôt. Nyx avait rengainé son arme en entrant mais gardé la main dessus. Elle ne fréquentait pas cet endroit, en effet. Les bouges obscurs étaient légion dans le district 666, et leurs réputations se confondaient.

Sans répondre à l'invitation faussement caressante de la jeune femme, elle choisit une table vide dans le dernier coin inoccupé de la pièce et s'affala lourdement sur l'une des chaises qui l'entouraient. Ce n'est qu'après avoir refusé la cigarette d'un ton tout aussi brusque – elle fumait peu – qu'elle se mit à observer la faune locale. Elle n'émit d'abord qu'un grommellement : « Qu'est-c'tu viens foutre dans c'trou à rat, sérieux ? T'as pas trouvé mieux? » Mais n'eut pas le loisir d'ajouter quoi que ce soit car son regard venait d'accrocher celui du gros vicelard qui les reluquait comme des morceaux de viande. Nyx n'était pas du genre à s'offrir consciemment à la contemplation des gens sans rien dire. Encore moins à celle d'enfoirés qui manifestaient à son endroit des intentions clairement suspectes. Sans considération pour les autres clients, son grommellement se transforma tout à coup en véritable aboiement :

« Tu vas arrêter d'nous loucher d'ssus direct ou j't'arrache les yeux pour y mettre tes putains d'couilles à la place, gros sac à merde ! » Nyx était beaucoup trop agressive pour se laisser dévisager ainsi par le premier pervers venu. Et en de telles circonstances, elle avait appris à mettre les choses au clair d'entrée de jeu. Excédée, prête à faire chanter la poudre, elle poursuivit plus bas, à l'attention de Charlotte : « Tu l'connais ou quoi ? Genre y t'a tringlée et y veut r'commencer ? » Elle n'ajouta pas le « J'ai rien contre les plans à trois mais 'l a une tête de cul, ton pote. » qui lui vint spontanément sur le bout de la langue. Elles n'étaient pas encore assez intimes pour ça, n'est-ce pas. Du reste, Nyx ne s'était pas voulue insultante, et ça se sentait... probablement. Sa curiosité avait peut-être été de pure forme, mais n'avait pas pour autant été motivée par une quelconque arrière-pensée – seulement par son impulsivité habituelle.

Charlotte Hänzel
Charlotte Hänzel
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Re: I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le Dim 20 Déc - 0:45
Le choix de la place n'était pas qu'une sorte de piège vicieux, un de ceux qu'elle imaginait à chaque minute, c'était aussi un moyen facile de tester les gens, tant sur leur caractère que leur éducation ou même leurs peurs secrètes. Le coin était ici la réponse sans surprise à laquelle elle s'attendait et qui trahissait déjà une divergence dans leur nature respective. Quand elle préférait tout voir, tout contrôler et risquer d'être faite comme un rat, Charlotte penchait pour la surprise et les multiples échappatoires. Elle voyait en cette femme une sorte de mercenaire dont les instincts guerriers lui étaient plus utiles pour se soustraire à ses frasques diverses qu'une réflexion avisée ne l'aurait faite. Et son métier devait demander plus d'explosions que de stratégie, à moins qu'elle ne soit sous les ordres de quelqu'un, sûrement assez habile pour arriver à faire quelque chose de cette bête sauvage.
La commerciale qu'elle était aurait sans doute vu en elle une affaire en or si son penchant pour les batailles ne dévorait pas cruellement toutes ses autres ambitions et elle se fichait bien de ne rien lui vendre pourvu qu'elle continuât à s'amuser en sa compagnie. Ce délicieux sentiment d'incertitude, cette conviction que tout pouvait sauter en un instant avaient tout pour la griser.

Sans un mot, elle suivit les pas de l'étrange phénomène qu'elle avait dégotté et attendit d'être confortablement installée pour répondre à sa question. Malgré son parlé bien trop rustre à son goût, elle prenait un malin plaisir à lui donner le change, appréciant la verve mordante qui se cachait derrière ses mots vulgaires.

― Bien sûr que j'ai mieux que ça. Pour qui la prenait-elle, franchement ? Mais on n'amène pas un sale cabot comme toi, plein de puces, dans un palais, ça ferait tache. Surtout quand ce genre d'endroit sordide pourrait presque te mettre en valeur.

Il suffisait de jeter un œil aux alentours pour lui donner raison : on ne trouvait ici que des raclures qui avaient au mieux du talent dans ce qu'ils entreprenaient, mais jamais rien de séduisant. Elle n'avait même pas fait l'effort d'arranger les choses pour que l'endroit soit plus décent, elle s'en servait quand il lui était utile et n'y mettait pas les pieds le reste du temps.
Et elle ne s'était pas trompée, l'ambiance était assez glauque et vicelarde pour déranger même celle qui voulait se montrer sans pudeur.

Ça la fit rire, pas l'homme. Le connaissant, il l'aurait sans doute écorchée vive si leurs regards ne s'étaient pas croisés. Même si le duel aurait certainement été très distrayant, du moins jusqu'à un certain point, elle tenait trop à sa nouvelle trouvaille pour la livrer déjà à ses cerbères. Au lieu de ça, il se contenta de la jauger d'un regard indifférent avant de replonger dans la contemplation certainement passionnante de son whisky.

― Comme si les hommes avaient ce genre de droit sur moi… lâcha-t-elle simplement sans chercher plus que ça à répondre à sa question.

Elle aurait volontiers été plus entreprenante, mais ni l'heure ni le lieu n'étaient vraiment propices à ce genre de distraction et c'était bien dommage.

L'introduction touchant à sa fin, elle attrapa la carte qui traînait sur le coin de la table et la tendit dans sa direction.

― Les plats ici sont assez mauvais pour ne pas choquer tes papilles, alors prends ce que tu veux.

Ils étaient aussi suffisamment bon marché pour ne pas lui coûter une fortune s'il lui venait l'idée de manger plus que son ventre le lui permettait, et à la condition qu'elle sache la convaincre de payer quoi que ce soit pour elle. C'était là le premier de leur repas aux chandelles et on pouvait dire tout à fait qu'il était parfait, car elles ne pourraient pas faire pire la prochaine fois, n'est-ce pas ?
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Re: I stand firm for our soil. [Charlotte ♥] écrit le

I stand firm for our soil. [Charlotte ♥]

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