Reika Rashn ft. Marwin Jefferson

Les actes sont les mêmes mais entre hier et aujourd'hui, elles n'ont plus le même sens.

Non, le monde tournait toujours en rond. Rien n'avait vraiment changé par rapport à avant. Et pourtant tout avait changé. Elle n'était plus la même. Et elle était toujours la même. Son cœur de 13 ans était tourmenté. Son cœur de 14 ans s'était éclaté par terre, abandonnant toute ceux sur quoi elle pouvait s'accrocher. Elle restait là, par terre à recevoir les coups. Elle n'essayait même pas de se protéger de son bras encore frêle. Les coups déferlaient mais elle ne ressentait rien. La douleur physique ne lui faisait plus mal. Et son visage riait de sa situation.

Le soleil était levé depuis longtemps, la lumière chaude du matin éclairait les rues de Démétrio, l'endroit où elle était née, l'endroit qui l'avait rendue ainsi. Reika marchait dans ses rues qui l'avait vu grandir d'un pas lent, sans force. Comme si son corps bougeait, porté par le vent vers une direction quelconque. Elle passait par les rues où peu de monde passait. Elle voulait évitait la foule de cette ville. Son père lui avait demandé de faire des courses. Elle n'avait aucune envie d'y aller, cependant elle devait tôt ou tard communiquer avec des humains même si cela ne l'enchantait guère. Elle ne voulait voir personne, plus personne. Elle voulait s'enfermer dans une bulle remplie de forêt et d'animaux. Mais le monde continuait à tourner. Et certaines choses ne changeaient pas.

Reika ne faisait attention à rien. C'était sûrement pour cela qu'elle ne remarqua pas que des humains étaient devant elle jusqu'à qu'elle les percute. Elle chancela un peu mais se retint de tomber. Après s'être ressaisie, elle porta le regard de son unique œil sur ce qui était devant elle. Une bande de jeunes ayant un ou deux ans de plus qu'elle se tenait là. Elle ne fut nullement étonné de cette présence. Elle ne connaissait pas leurs noms mais elle connaissait parfaitement leurs visages. Elle avait entendu de nombreuses fois leurs rires, leurs insultes, le son de leurs coups sur son corps.  Il y a trois mois, elle les aurait regardé avec des yeux haineux, promettant une future vengeance douloureuse. Mais là, bizarrement, elle sourit en les voyant. Les habitudes ne changent pas n'est-ce pas?

L'un des jeunes l'avait pris par les cheveux et on l'avait trainé jusque dans une impasse. Il la projeta violement sur le mur. Son corps mou s'affala sur le dit mur comme un chiffon. Elle avait l'impression que tout les os qui soutenaient son corps s'était liquéfié. Ils parlaient, leurs bouches bougeaient, mais elle n'entendit rien. C'était comme si elle était devenue sourde. Et elle sourit, et le premier coup vint la percuter dans les côtes. Puis un autre, et ce fut comme une cascade. Des coups venant de toute les directions. Elle ne savait même plus quelle partie de son corps était frappé. Elle ressentait chacun des coups, comme si chaque coup la marquait au fer rouge mais sans la douleur physique qui allait avec. Elle avait cette sensation, comme si c'était quelqu'un d'autre qu'elle qui recevait les coups. Et pourtant c'était bien Reika qu'on frappait. Mais elle, elle ne pouvait s'empêcher de sourire d'elle même.