NOM »
sinestra.
PRÉNOM »
vulcain.
SURNOM »
céphée.
ÂGE »
seize années.
DATE DE NAISSANCE »
trois septembre.
SEXE »
masculin.
ORIENTATION »
homosexuel.

TAILLE »
cent soixante-deux centimètres.
POIDS »
quarante-neuf kilogrammes.
COULEURS CHEVEUX ET YEUX »
ta longue toison est semblable à une mer aux vastes flots, suintant sur tes épaules.
tes mirettes sont des milliers de mondes et d’étoiles, vivants et mourants dans l’infini sans voiles.
PARTICULARITÉ(S) »
un tatouage autour du doigt, ressemblant à une alliance de mariage.
GROUPE »
caelestis, peuple du ciel.
OCCUPATION »
se baladant dans les ruelles, un sourire enjôleur aux lèvres.
HABITATION »
cassiopeia.

WRITINGS OF YOUR PAST »

Tu es assis sur ton lit, le regard las. Tu penses à ton enfance, et une sensation étrange s'empare de toi. Ce sentiment te martèle l'esprit, surplombant tous les mariages, tel un nuage menaçant. Tu ne sais pas qui tu es vraiment, tu t'accroches à la vie, autant que tu le peux afin de ne pas tomber, ne pas crouler. Tu as souvent penser avec véhémence que ce monde n'était pas le tien, que tu n'étais pas de ces valeurs là... Mais tu ne veux pas mourir. Tu te sens désormais de taille à porter ton chagrin et ta culpabilité, à affronter les difficultés que la vie a placées sur ton chemin. Peux-tu être pardonné pour toutes les erreurs que tu as faites ? Tu le penses. Tu le peux. Tu le crois.

Sur le mur du fond, d'énormes baies vitrées laissent entrer la clarté nébuleuse. Il fait nuit, mais le ciel est clair.
Tu entends la porte se refermer en un bruit sourd, tu es tout à coup terrifié. C'est ton père. Il ne te regarde pas, sa chevelure d'ébène tombe jusqu'à sa nuque et il porte une chemise grise. Il a l'air épuisé. En l'observant, tu vois les marques que le temps a laissé sur lui et les traits de sa jeunesse complètement effacés. Mais tu vois aussi l'homme que tu as connu petit, sa bouche qui s'étirait dans un sourire en te tenant la main, ses yeux où brillaient des étincelles de joie. Plus tu l'observes, plus tu te dis que cette partie de lui n'a jamais existé. Tu te dis que ce n'est qu'un reflet édulcoré, le produit du regard altruiste de l'enfant.

Tu penches ta tête sur le côté, il s'assied en face de toi. Son regard se fait terne et tu perçois une certaine réticence sur son visage.
─ Vulcain... Tu aimes les garçons ?
Tes doigts se crispent violemment sur le bord de ton lit et tu te figes pendant quelques secondes, écarquillant tes mirettes. Tu es muet, paralysé. Il t'a démasqué. Il t'a démasqué.
─ Je...
Tu t'apprêtes à lui dire. C'est le moyen le plus simple, le meilleur, peut-être le seul pour que tu t'assumes pleinement. En lui répondant que non, tu peux te créer une nouvelle vie. Mais... Est-ce que c'est ce que tu veux vraiment ? Vivre dans le mensonge, être forcé à être le successeur de ta lignée ? Dans un autre recoin de ta tête, tu as peur qu'il te renie, qu'il t'insulte ou encore pire... Qu'il te frappe.

Mais tu es aussi une personne à part entière, une personne sur laquelle il n'a aucun droits. Le fait qu'il ne parvient pas à t'accepter comme tu es ne l'autorise pas à décider de ce que tu dois devenir.

Tu as les mains engourdies, le cœur battant à toute allure. Une sensation désagréable dans ta gorge t'empêche de déglutir. Tu hoches la tête doucement, soutenant son regard violent, mais se remplissant de larmes.
─ Je le savais...
─ ...
Il serre son poing, hargneux. Il n'arrivait pas à l'admettre. Tu le voyais. Tu le voyais sur son visage d'une pâleur maladive.
─ Pourquoi ne pas me l'avoir dit au lieu de me le cacher ?! Il hausse la voix tout en fuyant ton regard.
─ Parce que j'avais peur de toi... ! J'avais peur de ce que tu pouvais penser de moi. Je savais que tu réagirais de cette manière, parce que tu n'accepterais jamais que ton seul fils soit homo.
Les mots sont sortis tout seuls et tu les regrette aussitôt. Mais tu es aussi soulagé d'avoir vidé ton sac, de pouvoir enfin être honnête avec lui et de renoncer à l'étiquette qu'il t'avait collé sur le front.
─ C'est tout simple, papa. Soit tu l'acceptes, soit je m'en vais. Ce n'est pas juste de ma part de t'obliger à choisir mais c'est le seul moyen de te faire réagir.
Tu as peur, tu as peur qu'il refuse de choisir, peur qu'il préfère t'abandonner, et il aurait raison : tu n'as que seize ans et tu lui demandes de choisir entre moi et sa réputation. Il pensait sûrement que tu étais un gamin idiot. Ses yeux, sombres comme un ciel sans étoiles fouillent pendant longtemps les tiens, qui brillent d'une lueur oscillante.

... Il se penche lentement vers toi et te serre sauvagement contre lui, t'enfermant dans l'étreinte de ses bras.
─ Toi.
Il t'a choisi, une larme coule long de ta joue et tu restes comme ça un moment, contre le premier homme de ta vie.