Esel ou l’énergumène le plus exaspérant que la Sainte Terre a engendrée de ses entrailles profondes. Il est ce que l’astre lunaire est au soleil, ma Neymesis. Il n’est donc pas un euphémisme de dire que nous ne pouvons pas respirer le même air. Et malgré cette répulsion que nous éprouvons l’un l’autre, on ne peut pas s’empêcher de toujours se chercher, se provoquer pour mieux enrager l’autre. Depuis le tout début, l’air a claqué comme une balle sortant d’un revolver. Il est ma cible. Une dispute qui aurait pu ne survenir qu'une fois est devenue une sorte d'affaire personnelle pour moi, bien décidé à lui faire ravaler son arrogance. Une traque sans répit qui s’étire depuis des semaines et des semaines, trop longtemps pour que cela ne soit pas devenu évident : nous ne jubilons que pour nous fritter le chignon. Un corps à corps terrible et ardent auquel nous avons fini par prendre gout, un jeu d'alternance entre prédateur et proie qui nous aurait presque fait oublier le but premier de la manœuvre : malgré notre haine, nous passons le plus clair de notre temps à croiser le fer de nos épées, à nous foutre des coups et s’insurger l’un contre l’autre. Sa peau, je me suis jurée de l’avoir, car le statut d’homme et femme n’existe plus entre nous : nous sommes deux guerriers aguerris qui tentent de dominer l’autre.

Allez, succombes ... deviens fou ♥

On dit souvent que nous avons un sosie sur Terre. Eh bien moi, je n’en ai pas un, mais deux, rien que ça ! Fawn est l’un des deux sosies, qui me ressemble suffisamment pour parfois apporter la confusion au sein de l’armée. Outre notre ressemblance indéniable, Fawn est une graine de génie que j’aime particulièrement : malgré le fait qu’elle soit plus âgée d’une année et que je sois sa Supérieure Hiérarchique, la rivalité n’a pas lieu d’être entre nous ; au contraire ! Je l’observe attentivement, discrètement, ses efforts et sa détermination ne font pas de moi une borgne, j’en prends bonne note. Appréciant voir des éléments comme au sein de commandement, je n’ignore pas son désir farouche de responsabilités. Il m’arrive parfois de citer son nom afin de féliciter les avancées des soldats, et parfois j’en réfère même au bras droit du Généralissime, Oberon. Elle est destinée à accomplir de grandes choses, cela ne fait aucuns doutes.

Elle est sans équivoque ma meilleure amie, si ce n’est pas mon amie la plus chère à mes yeux. De plus notre ressemblance plus que frappante ainsi que notre rang de Général jette la confusion auprès des nouvelles recrues, bien qu'elle en rigole, je suis loin d'avoir la même réaction qu'elle, puisque j'arbore habituellement un visage fermé et un regard assassin à celui qui fait l'amalgame. J'estime que ne pas reconnaître son Général est une erreur monumentale à ne pas faire devant moi. Mon reflet dans le miroir, mais pourtant si différente de moi par son caractère. Elle est celle avec qui je peux lever les clôtures qui muraillent mon cœur, avec elle, je peux montrer cette part d’humanité insoupçonnée dont le commun des mortels me pense destituée. Souvent assimilée comme étant un cœur de pierre, Rhéa est la seule à percevoir le moindre de mes variations, le changement de mon humeur, l’ascension de mes émotions ou au contraire la chute de mes sentiments. Les mots n’ont parfois pas lieu d’être, un seul regard et on se comprend. Un soupir, une main réconfortante, un sourire et l’écho de sa voix rassurante. Que Caelestis m’en soit témoin, je brûlerai l’humanité jusqu’au dernier s’il lui arrive malheur, je détruirai pour la préserver.  

Sa Majesté, Reine de Caelestis, ma contrée, mon pays, ma vie. Je lui suis dévouée corps et âme. Et bien que certains peuvent trouver cette dévotion pompeuse, je bouche mes oreilles car ils ignorent tout, ils ne savent rien. Mihael m’a sauvé la vie. Suite aux décès présumé de mes parents, j’ai été orpheline. Et alors que la vie semblait m’avoir tourné le dos, j’ai voulu mourir. Clocharde, j’ai erré avant d’élire domicile dans la rue dans un quartier macabre de Cassiopeia. Un jour, mon coin délabré semblait plus animé que d’habitude, et après observation et écoute, j’ai compris que sa Ô grandissime majesté nous avait fait l’honneur de sa présence. Dans un reniflement méprisant que j’émis à son passage, elle se stoppa pourtant devant moi. Entourée de sa garde rapprochée,  elle m’observa avec amabilité avant de me questionner sur ma présence en ce lieu sinistre pour une fillette de mon âge, puis elle s’interrogea sur mes parents. Crasseuse, méfiante et brusque, j’ai rejeté avec virulence l’approche de Mihael, accoutumée à être sur la défensive à cause des conditions déplorable dans la rue. Je lui ai balancé au visage avec amertume que je n’avais pas l’argent de Papa et Maman pour me couver comme elle l’était, car j’étais seule. C’est alors qu’elle me demanda ce que je souhaitais accomplir. Décontenancée, j’ai écarquillé les yeux un instant, mais j’ai repris contenance avant de déclarer farouchement, animée par le défi : « Survivre, devenir forte et protéger ceux qui se font bafouer par la vermine car ils sont seuls sans défense. » ; Un sourire resplendissant illumina le visage de la jeune princesse qui déclara d’une voix douce : « C’est donc une promesse alors. ».

Plusieurs années plus tard, alors je venais d’être fraichement promue Général de la Garde Royale, je fus officiellement introduite à la Reine Mihael, héritière du trône. Un regard, un sourire, elle m’a reconnue. Je suis devenue forte, et elle m’a accordé le pouvoir de remplir mes engagements que j’avais jadis formulé, protéger avec mon bouclier, frapper avec mon épée. Pour Caelestis, pour la Justice, pour la Reine. Pour le peuple !

Professeur Liechtenauer, enseignante à l’institut militaire de Cassiopeia. Elle est donc le successeur du professeur qui m’a formé, récemment parti à la retraite. Bien qu’elle soit ma cadette de deux ans, elle demeure une enseignante hors pair. Son goût prononcé pour la méritocratie est le point d’amarrage qui nous crée un lien de respect mutuel, issue de notre profession au sein de l’armée. J’apprécie donc assister à certains cours lorsque je trouve le temps d’amener mon expérience personnelle afin de guider les recrues en formation à devenir soldats. Je leur prodigue conseils, avertissements et rigueur pour devenir un bon élément pour notre Garde Royale. Avec son enseignement irréprochable, j’y apporte donc un témoignage concret d’une jeune recrue qui a su gravir les échelons pour devenir Général de la Garde Royale.

Alekseï est un soldat plein de dévotion, mais qui ne sait pas comment l’exploiter pour mieux progresser. Désireux d’une perspective d’évolution, il s’acharne à me provoquer me faisant comprendre qu’il n’apprécie pas être plus faible que moi, en tant qu’homme et peut-être à cause de mon rang ? Je ne suis pas née de la dernière pluie, et je sais reconnaître un jeune homme maladroit qui ne sait pas comment s’exprimer. Je feins l’ignorance, et je réponds sèchement à ses piques en lui ordonnant de continuer à s’entraîner tout en soulignant qu’à 20 ans, il n’est encore qu’un bleu et qu’il pouvait encore voir miroiter un poste à responsabilités pendant encore plusieurs années. Je perçois bien sa bonne volonté, mais son impatience le freine à s’améliorer encore plus. Soucieuse de son développement professionnel, j’essaye de l’aider subtilement comme un maître inculque son savoir à son élève.

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Sacia, c’est ce petit voleur qui m’échappe fautes de preuves pour l’incarcérer et l’inculper pour activités frauduleuses. Sournois et insaisissable telle une souris, cela fait un moment que je le pourchasse, et ses nombreuses échappées belles commencent à me taper sur le système. Je me suis récemment fait moins présente, espérant pouvoir avoir une preuve intangible pour mieux le coffrer lorsqu’il s’y attend le moins. Parce que je suis jurée, grommelant entre mes dents, qu’un jour je le clouerai au sol comme un rat mort.

Cette jeune marchande d'armes a un don. Ce que je dessine sur papier, elle me le matérialise avec élégance. C’est donc sous mon regard émerveillé que j’arbore fièrement le fruit de son travail, que je ne cesse de complimenter pour l’efficacité, la qualité et le soin particulièrement accordé à l’esthétisme de mes commandes spéciales. En effet, je suis une cliente fidèle de la jeune femme, et elle me confectionne des armes que j’ai imaginées afin de s’assortir avec mes armures. Satisfaite de son savoir-faire, il m’arrive de faire la propagande pour sa boutique afin de lui ramener plus de clients. Échanges de bons procédés.

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