Maluhsy est une personne de brume, qui s'espace dès l'instant où on essaye de la toucher. Vaporeuse, elle s'effrite au passage des gens, leur laissant une impression humide sur les doigts. C'est une fille distraite, distante et sibylline qui jongle entre les individualités. Tantôt bienveillante et adroite, elle fait de sa mission d’apporter son aide complète et étouffante à ces personnes qui nagent à contrecourant. D'un autre côté, elle agit avec une telle nonchalance et désinvolture qu'il est difficile de croire que quoi, ce soit la traverse. Parfois elle s'échappe et une étincelle éclate, comme si elle perdu contre un orage intérieur. Elle éclate de passion et d'une loyauté féroce envers ses désirs, et dans ses rares moments brutaux, un feu s'allume dans la grisaille de ses yeux et dévore le silence qui l'habite. Grise est une enfant profondément égoïste et ces instants de fureur de touche que ses propres choix. L'intelligence et la ruse l'habitent, mais la paresse efface leurs traces au profit d'une botaniste maussade et mélancolique, qui rêve de voyage et de tendresse, qui rêve du jour où quelqu'un allumera le feu pour de bon et chassera la brume..

Elle n'essaya même pas de cacher les larmes qui roulaient sur ses joues empourprées. Sa mère serra sa main fort, mais ne dit pas un mot. Maluhsy n'avait jamais vu un cadavre et cela l'effrayait. Mais ce qui était encore plus effrayant c'était d'avoir l'impression que le cadavre qui se trouvait devant elle n'était pas son père. Sa peau semblait sur le point de craquer, comme si un simple coup de vent allait faire s'envoler le masque qui cachait la mort. 7 ans c'était bien jeune pour vivre l'expérience de la mort, mais personne ne décidait du sort de son prochain. Quelle ironie, son père, botaniste respecté, n'avait pas su se guérir de ce mal noir qui l'avait rongé de l'intérieur. Elle avait l'impression que l'odeur écoeurante des dédoctions qu'il buvait pour purger cette douleur qui le rongeait était les seuls souvenirs qui lui restaient. Cette parodie de son père lui semblait toutefois plus enviable que la mort qui dormait devant elle. Une succession de proches et amis divers vint lui exprimer ses regrets et elle répondait par un merci poli, mais l'intérieur de son cœur n'avait pas envie de dire merci. Elle n'avait aucun désir de vivre les prochaines secondes, journées ou lunes avec sans son père, et surtout, avec sa mère. Grise sentait le regard doux et fade de ces gens, mais elle n'avait aucune étincelle à laquelle s'accrocher, avec laquelle espérer. Elle se sentait vide vide vide.


Étudier lui semblait facile. Son esprit n’était plein de rien, alors les mots et les notes entraient facilement. Il y'avait énormément de place dans son cerveau. Beaucoup de blanc qui n'attendait que d'être coloré, mais Maluhsy ne connaissait qu'une seule couleur; le gris. Elle leva le nez, étourdie par le contraste entre le blanc des pages et le vert du jardin. La lumière était encore haute, mais elle se sentait fatiguée. Sa mère n'était pas encore rentrée, mais sans doute n'allait-elle plus tardé. La jeune fille soupira et rentra à l'intérieur jeter un coup d'oeil au four. Elle décrocha le linge qui avait depuis longtemps séché et retourna s’assoir devant son livre, amorphe et sans motivation. L'ouvrage était certes pertinent, mais il manquait y manquait de chaleur. C'était si technique que la jeune fille avait l'impression de faire un de ses tests dont les nomades lui avaient parlé qui se déroulait sous l'eau. Son esprit se pencha dangereusement vers la rêvasserie et elle se laissa bercer pas le chant des sirènes, gérant encore cet espoir puéril d'un jour voyager ailleurs. Elle se demanda quel genre de plantes cultivaient-ils là haut dans les airs, mais également comme faisaient-ils sous l'eau. Prise dans ses songeries, elle n'entendit pas sa mère entrer et sursauta violemment quand celle-ci posa bruyamment son sac sur la table de chêne « Tiens, encore là à t'inventer des histoires dans ta pauvre petite caboche ma fille? » Son ricanement résonna dans le corps de Maluhsy, qui avait connu des vibrations plus atroces. « Le souper est bientôt prêt » fut sa seule réplique. Sa mère renifla d'un air narquois et sortit de la pièce, toujours avec son ricanement méprisant. La jeune fille marmonna quelques paroles indistinctes et retourna à la cuisine. Comme son père avait pu marier une femme si manipulatrice et méchante, elle l'ignorait. Ce n'avait jamais été un modèle de droiture et de justice exemplaire, mais c'était quand même un homme avec un bon fond. Des jours Grise songeaient à s'enfuir avec ses nomades, sur leurs drôles d'escargots géants et visiter ces mondes qui l'enjôlerait. La vérité c'est que sa mère était une créature instable et triste, qui rejetait sa colère et son désarroi sur les autres. L'enfant arrivait à naviguer au gré des orages de sa mère, mais un innommable sentiment de trahison et de désarroi ternissait le plus souvent la fin de ses journées.


Le garçon semblait vouloir cracher les mots plus vites que sa voix lui permettait. C'était un babillement heureux et insouciant qui fascinait Maluhsy. Jamais les histoires qu'elle racontait ne semblaient aussi intéressantes que celle qu'il débitait depuis des heures. La jeune fille n'avait que prêté une attention distraite à ses autres clients, même si au fond, la conversation ne lui appartenait pas. Le jeune homme parlait avec une très jolie pouliche, une infirmière pétillante et éclairée de cette petite lumière intérieure qui allumait les gens. La manière dont elle penchait son corps, les sourires qui s'étendait tendrement sur ses lèvres, sa voix qui s'enrouait, Grise la savait soule, comme la plupart des gens dans ce bar. Le nomade avait laissé glisser sa main sur sa cuisse et la jeune serveuse ressentit un vif pincement, comme la jalousie qui empourprait ses joues avait envahi son ventre. Elle détourna le regard, gênée. Pourtant ce n'était pas la première fois qu'elle voyait des gens flirter ostensiblement devant le comptoir. Quelque chose de noir et doré l'attirait dans le regard de garçon, une assurance taquine et de mâle, comme une odeur de bois et de soleil. Il n'était ni particulièrement beau, ou grand, mais il dégageait une aura animale et sauvage. Maluh travaillait à l'autre bout du bar, et la serveuse qui s'occupait des soupirants ne cessait de la rabrouer pour qu'elle retourne de son côté, ignorant ses protestations faibles. Mais avant que sa collègue puisse l'avertir une dernière fois d'un air plus qu'ennuyé, un homme vint déranger l'aventurier mystérieux et sa petite proie, en pressant cette dernière de le suivre. Un accident grave était arrivé et il avait besoin d'elle le plus rapidement possible. S'excusant rapidement à son interlocuteur, elle bondit vers la sortie, en laissant quelques pièces sur le comptoir et l'odeur douce de ses cheveux blonds. Le garçon eut l'air étonné quelques instants et il haussa des épaules avant de retourner à sa boisson, pas le moins du monde soucieux. Maluhsy jubilait de l'intérieur, pour une raison qu'elle ignorait puisque ce n'était pas de son espèce de faire un mouvement en direction du nomade. Elle le fixa néanmoins de son regard bleuté. Il se retourna vers elle, comme interpelé par son appel silencieux et s'approcha, avec un flegme digne des voyageurs. « Hey. » L’aborda-t-elle simplement, avec un sourire amusé. Elle figea. « Je te vois me regarder depuis tout à l'heure. Tu devrais pratiquer tes techniques, je croyais que vous étiez des bons chasseurs ici. » Et il éclata d'un rire franc et grisé qui déconcerta la jeune fille. « À quelle heure tu finis, jolie demoiselle? »


Elle lui tendit la main, évitant son regard moqueur. Il déposa l'argent lentement, comme s’il la raillait encore, même un an après leur échange. Elle sortit de son sac une variété de plantes séchées qui sentait la mort. Elle les déposa sur la table à pique-nique, avec une précaution patiente, comme si les feuilles séchées lui appartenaient encore. Gaël s'assit tranquillement, les bras croisés, toujours son petit sourire narquois planter sur ses joues. Ignorant son attitude nonchalante, elle entreprit de lu expliquer exactement les effets de chacune des plantes, variant de puissants hallucinatoires à des antidouleurs qui vous faisait oublier votre propre nom, ou des drogues moins violentes qui rendait la vie plus douce. Elle avait toujours ce pincement au cœur quand elle faisait ses transactions, une petite pensée pour son père qui aurait désapprouvé de cette entreprise. Mais depuis que sa mère était partie vivre à parmi le peuple du ciel avec son nouveau mari, elle avait du mal à joindre les deux bouts et entretenir la maison par elle-même. Faire pousser ces graminées et champignons constituait une tâche facile entre deux séances d'études ou de ménage. De plus, situé dans une ruelle couverte d'arbres et éloigné du centre du village, il était facile de dealer en paix. Les gens ne s'étonnaient plus des allées et venues de Gaël. Ils pensaient tous que Grise s'était fait un copain qui allait et venait comme les lunes viennent et partent. La vérité était moindre, mais personne ne se souciait d'une enfant de 19 ans absente et taciturne. Maluhsy compta soigneusement les spécimens, avant de donner ses recommandations au garçon. Celui l'interrompit promptement. « Allons Grise, pourquoi tu fais cette tête chaque fois qu'on se voit. Ne me mens pas, je sais que tu t'ennuies de moi chaque fois que je pars. » Il rit comme si rien ne pouvait l'atteindre. « Je sais que tu repenses toujours à cette soirée. D'ailleurs je suis libre ce soir si tu veux remettre ça. » Il s'étendit sur le banc, l'air désinvolte et heureux. La jeune fille ne dit rien « Tu étais un bon coup, peut-être si on laissait faire les remords cette fois après, on a pas a être des ennemis tu sais. » elle leva enfin ses yeux sur lui. Ses yeux noirs et dorés lançaient des invitations espiègles, mais ce sourire la dérangea. Une rage tremblante monta dans ses entrailles si vite qu'elle ne put retenir sa main de vouloir le frapper en plein visage. Il attrapa ses doigts en plein vol et l'attira brusquement contre lui. Son visage était à quelques centimètres et elle la rage la quitta aussitôt, pour revenir à cette sensation sordide de douleur dans son bas-ventre et d'excitation mélangée à de la peur. L'odeur musqué et sombre de son corps lui fit tourner la tête. « Allons, Maluh, inutile d'en venir à la violence, mais si c'est ça que tu veux... » Il écrasa impétueusement ses lèvres sur les siennes, enfouissant sa main dans ses cheveux gris, ramena son corps chaud et haletant contre lui. Des larmes roulèrent sur ses joues empourprées, mais elle fondit dans sa chair comme un animal affamé. Il écarta avec rudesse le sac d'argent qui traina sur la table et la coucha sans ménagement dessus. Un râlement réveilla les oiseaux tard cette nuit.

Les gens oublient parfois que je suis là. Je suis une personne taciturne, avec un sarcasme plutôt brutal qui ne fait pas de câlins et ne donne pas de bisoux. AND I AINT APOLOGIZING FOR IT. Ça fait que des fois les gens pensent que j'suis bizarre. Pas que je sois pas bizarre, j'aime juste mordre plus fort que les autres. J'ai un chat vieux qui s’appelle le choix du Président ou Prez, et vous l'aurez deviné, c'est moi le Président. JSUIS GROGNON OKAY