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broke with expensive taste — léandre

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broke with expensive taste — léandre écrit le Ven 22 Mai - 21:51

hey, hi, hello, yo, what's up ?
my, oh, me, oh boy. what's word, could I call ya ?



Il l'avait dit sans ciller et d'un air un peu absent.

- Je ne peux pas payer.

Les coudes sur la table, le menton dans la paume, posément ; les doigts contre la joue qui dessinaient en estafilades quelques ombres sur son sourire.

On aurait juré des provocations éhontées si son regard n'avait pas été d'un vide éloquent.
Le danger était une notion qui échappait aux synapses de Cyrus et qui glissait sur la surface ignifugée de ses capacités cognitives. La conscience de la situation était un domaine dans lequel tout son corps se refusait innocemment à pénétrer. Pourtant autour de lui le feu qu'il ne sentait pas, car il était très peu réceptif aux chaleurs, brûlait avec rage ; faisait d'ardents signaux de fumées, expulsait tout en puissance un brasier de regards assassins et de hurlements.

- Ne tirez pas cette tête ! Je vous rembourse dès que je repasse dans le coin.

Il agitait sa fourchette dans l'air embaumé de la taverne, aussi fringant qu'un jeune prince fortuné, le bras passé autour d'une paire d'épaules qui n'auraient pas paru si fluettes si leur propriétaire n'affichait pas un air aussi mortifié. Comment se prénommait-il, déjà ? Léandre ! Léandre, un très charmant prénom. Un prénom qui s'assortissait fort bien à un gaillard de sa trempe, aussi solide que talentueux aux fourneaux - Cyrus en avait l'intime conviction.

Il avait d'ailleurs été très surpris de le voir apparaître dans l'embrasure de la porte lorsqu'il avait demandé à voir le chef. Il s'était attendu à quelqu'un de plus âgé, peut-être. Enfin, ça ne lui enlevait aucun crédit ! Mais n'était-il pas un peu pâle ?

Quand ils furent tout les deux précipités dehors sous d'abondantes menaces de mort, Cyrus en fut convaincu : il était vraiment très pâle. Un peu surpris tout de même qu'ils en viennent si promptement aux mains, il se remit d'aplomb et debout ses ses deux jambes. Son visage enluminé de noir et de blanc semblait s'animer plus précisément sous la lumière de la lune, qui tombait sur la corde raide de l'horizon.

L'explorateur épousseta les pans de sa cape d'un revers de main négligent, puis se fendit d'un joyeux sourire pour le garçon qu'il surplombait. Visiblement, celui-ci n'était pas vraiment exalté par la situation. Il fallait dire que ce saltimbanque tout en nuances de gris venait plus ou moins de mettre sa vie à crédit.

- C'est pas des tendres dans ton auberge. Ils devraient faire confiance au bas peuple, je règle toujours mes ardoises ! Cyrus se craqua les jointures à grand bruit, levant sereinement le nez vers le disque blanc qui perçait le ciel de nuit. On n'a qu'à aller se balader un peu !

Mesurer la portée de ses actes était très ardu lorsqu'on ne connaissait pas la moindre unité.

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Re: broke with expensive taste — léandre écrit le Ven 12 Juin - 22:53
Quand Léandre avait l'odorat submergé par les effluves savoureux de sa cuisine, il n'y avait rien qui le perturbait. Il remuait d'un air absent la soupe à la tomate qu'il faisait terminer de mijoter, lorsqu'on lui demanda de sortir des cuisines, demandé par un client. Un client qui avait semble-t-il eu le plaisir de goûter à l'un de ses plats, au grand damne de Léandre qui avait fixé son collègue d'un air hébété, s'attendant au pire.
Et il eut raison. Pourtant au début, seules quelques questions lui avaient traversé l'esprit ; rien de bien grave, mais la charmante dame qui l'avait engagé n'était pas reconnue pour être tendre avec ses employés. Avait-il trouvé le plat infect ? Trouvé un insecte dedans ? Une peur immense lui avait pris à la gorge et ce fut en serrant son tablier de toute la force de ses phalanges qu'il se retrouva face à un homme dissimulé sous des peintures morbides. Le jeune homme s'empressa de s'incliner, voulant avant tout faire preuve d'une hospitalité irréprochable. Quand il releva la nuque avec une certaine appréhension, le verdict tomba.

Je ne peux pas payer.

Il eut l'impression de mourir intérieurement.
Il ne sentit ni son cœur qui rata un battement, ni les exclamations choquées des autres employés. Il ne sentait même plus son propre souffle s'échapper de ses lèvres blafardes lorsqu'on le mit dehors sans plus de cérémonie, puisqu'on le savait incapable de mettre une correction au client pour le forcer à payer et que dans le futur, ce genre de scène allait encore se reproduire. Il n'avait même pas eu le courage de lui répondre, se contentant de le fixer bêtement, le visage privé de ses couleurs.
Pourtant, il n'était que le cuisinier dans tout ça, pourquoi rejetait-on la faute sur lui ? À priori, l'idée de le mettre à la porte séduisait la patronne depuis un bon moment. Léandre restait insupportable quand il cherchait à se cacher sous une table quand les voix se faisaient trop fortes.

Maintenant, le voilà par terre, devant la porte de l'auberge, à regarder dans le vide et en essayant de reconnecter ses neurones. Il n'écoutait plus les exclamations de l'homme aux allures de squelette, qui lui offrait un monologue enthousiaste.
On venait de le mettre à la porte. Encore un travail de perdu pour son incompétence en dehors de ses qualités culinaires, et bien que ce ne fût pas la première fois, il eut envie de pleurer.

Les lèvres tremblantes, il dirigea son regard terrorisé sur le baladin déjà remis debout.

Mais monsieur je. Mais. Vous ne pouvez pas.

Ses mots parvinrent à peine à traverser sa bouche, tant sa voix était estropiée par le choc. Pourquoi était-ce seulement maintenant qu'il trouvait le cran de lui demander des explications alors qu'il n'allait probablement jamais pouvoir traverser la porte de cet établissement ? Il se sentit si misérable qu'il voulut prendre les jambes à son cou et ne plus jamais revoir personne.

Que. Qu'est-ce que je vais faire ?

Et bien en voilà une excellente question. Son interlocuteur semblait loin d'être antipathique à son égard et paraissait au contraire, rayonnant de bonheur, jurant d'une manière intrigante avec ses couleurs macabres. D'un côté, cela rassurait le jeune cuisinier ; d'un autre, ce détail semblait bien futile dans la situation actuelle.

Je. Il faut.

Mais là n'était pas la question justement, il devait s'acquitter d'une dette. Il en était responsable, c'était certain, il devait rendre cet argent perdu. C'était de sa faute sûrement, il n'y avait aucun doute. Même s'il ne voyait pas en quoi il était coupable, la conclusion était indiscutable dans sa petite tête.
Léandre s'appuya sur ses paumes pour se relever, les genoux chancelants sous son poids.

Je dois leur rembourser. Tout de suite. Je ne peux pas m'en aller comme ça, je dois faire quelque chose !

Ses yeux cobalt vinrent se poser sur le saltimbanque face à lui qui venait de lui proposer une promenade, en toute innocence. Ah Léandre, lui préférait réparer plutôt que blâmer.
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Re: broke with expensive taste — léandre écrit le Lun 15 Juin - 23:57

my oh mi amor, who told you could,
look so good



Il aurait juré que dans une seconde, son interlocuteur éclaterait emporté sous le torrent de ses propres larmes. Le déchirement qui traversa le visage de Léandre se transmit comme un électrochoc aux traits jusqu'ici heureux de Cyrus, qui dans une compassion d'automatisme, sembla lui-même abattu.

- Mais attends, attends bonhomme ! Il ne faut pas s'émouvoir comme ça, allons...

L'explorateur responsable de toute sa disgrâce se précipita pour le gratifier d'une accolade de réconfort. Les balbutiements de désespoir du garçon montraient bien toute l'énergie qu'il avait investie dans cet emploi, et Cyrus désemparé ne trouvait absolument pas dans son vocable les mots justes pour panser son accablement.

- Ce n'était qu'un petit boulot mal payé ! Nous allons t'en trouver un bien meilleur, c'est juré, tu vas voir. Dans un restaurant digne de ce nom, et pas une vieille taverne nauséabonde de seconde zone !

Sur ces mots, au travers de la porte dudit lieu - que Cyrus aurait pourtant juré fermée - vola une décharge d'insultes suivies d'un set complet de couverts. Ils étaient sans nul doute particulièrement affûtés, puisqu'une fourchette en argent vint alors se ficher avec une grande facilité de pénétration dans la main tendue du nomade. Il s'immobilisa d'une traite sous la pluie grise, le sang comme transmuté en glace.

- Oups.

De son bras libre et intact, il empoigna Léandre par le col avant qu'un couteau de cuisine ne lui sectionne une quelconque artère, et s'engouffra au coin de la rue la plus proche d'un pas souple. Protégé par un solide mur qu'aucun ustensile de table ne pouvait décemment atteindre, le duo n'avait plus pour source lumineuse que les halos des hautes fenêtres ouvragées qui constellaient la nuit. Sous ces lueurs tamisées, Cyrus s'approcha du petit cuistot dans un ample mouvement de sa cape mitée.

- Hahaha, on peut dire que j'enchaîne les bévues ce soir. Il faut me pardonner, Léandre. Non attends, tu n'auras même pas à t'en charger : je vais me faire pardonner tout seul.

Il gesticulait allègrement, peu regardant sur la tige de métal piquée dans ses phalanges, qui semblait alors un prolongement de ses métatarses. Un grand sourire coupait en deux le visage grimé de Cyrus, qui ne lâchait pas son compagnon d'infortune d'une semelle. Il balaya l'horizon d'un revers de la main dans un mouvement théâtral, qui ouvrait manifestement de sublimes perspectives sur la vie.

- Ne te sens pas coupable de ce qui arrive, surtout. Je m'acquitterais de ce petit incident. Un jour. Dans le futur. Aucune raison de paniquer en somme.

Plusieurs raisons logiques de paniquer pouvaient à ce moment précis être citées. Mais Cyrus était un professionnel du déni, et remettre à un peu plus tard l'amortissement de ses dettes relevait tout à fait de ses compétences. Pas alarmé du tout par quoi que ce soit, il couva Léandre de sa paire d'yeux bienveillants, bien qu'il aie surtout, en cet instant, le visage d'un envoyé du Tartare plutôt que celui d'un ange gardien. Pas seulement en cet instant. En général aussi.

Le voyageur tourna prestement sur lui-même, portant sur les luxueux alentours un regard frivole. C'était le début d'un belle soirée qu'aucun petit contretemps ne viendrait voiler de nuages, il en avait la ferme conviction. Et il allait tâcher de le prouver à cet impressionnable jeune homme.

Cyrus fit volte-face vers Léandre - un filet de sang pâteux commençait à ruisseler de sa main et à goutter sur le pavé.

- Oublions ce qui vient de se passer. Tu ne veux pas me faire visiter un peu ? De nuit, toute cette allée semble particulièrement exquise !

Quel genre de première impression faisait Cyrus auprès des gens ? En l'occurrence, il l'aurait décrite comme tout à fait à son désavantage en raison d'un malheureux enchaînement d'évènements fortuits. Mais il saurait, de toute évidence, brillamment rattraper la chose.


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Re: broke with expensive taste — léandre écrit le

broke with expensive taste — léandre

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