MUSIQUE ▬ Courir. Courir. Encore courir. Toujours courir. Tel un dératé qui est trop pressé de vivre ; ou trop pressé de fuir. Alekseï se débine, oublie ses responsabilités ; il n'en a plus rien à faire pour l'heure actuelle ; monter la garde, tout ça, quel ennui mortel. Il n'est pas le seul garde capable, beaucoup d'autre le font à l'heure actuelle ; alors autant faire quelque chose de constructif, comme un tour en ville... Mais avant tout, se recueillir sur la tombe de ses parents. Alors il court, il court comme un dératé, comme un fugitif qui fuit ses poursuivants ; il court comme si sa vie en dépend ; et en soit, c'est le cas, elle en dépend grandement. Voir le nom de sa mère graver sur cette tombe ; comprendre qu'elle était là sans être vraiment là, Alekseï au fond en avait besoin, il voulait se confronter encore une fois à cette dure réalité, une réalité sombre, cruelle, mais indéniablement vraie. Sa mère et son père n'était plus. Le voilà arrivé, reprenant lentement son souffle, s'essuyant en vitesse le front ; pourquoi vouloir être présentable Alekseï ? Elle ne peut pas te voir de toute façon ; mais l'idée que cela puisse être le cas te conforte pas vrai ? Il s’assoit ; commence son monologue habituelle. Raconte les nouvelles ; ses nouvelles, comment va la vie pour Lance, pour Jillian et pour lui. Elle était un ancien lieutenant ; lui n'était qu'un soldat, un simple pion comme un autre sur l'échiquier, bientôt, il gravirait les échelons. Pour elle, pour l'honneur de sa famille ; un honneur brisé, parti en miette.

Son ventre romps le silence qui vient de s'instaurer alors qu'Alekseï cherchait quoi rajouter ; en soit, il se demandait plutôt quand est-ce qu'il allait partir, ici, le temps passait rapidement, beaucoup trop rapidement. Le jeune homme se relève, s'étire et se masse l'estomac. Une ronde en ville, ce serait le bon plan pour pouvoir éventuellement s'arrêter manger un bout. Ses oreilles se mirent à siffler en imaginant les remontrances du général Rozen ; ou d'un autre d'ailleurs, mais ce fut l'image de l'inébranlable rousse qui lui arriva en mémoire ; tant-pis, il avait l'habitude de s'en prendre plein la gueule et de se faire engueuler ; cela l'amuserait sans aucun doute. S'étirant une dernière fois et se massant les épaules légèrement, le jeune homme déposa un baiser sur ces doigts qu'il laissa glisser sur la tombe avant de se retourner et de partir, le cœur serrer, mais néanmoins soulagé.

Les rues de la ville sont désertes à certains endroits ; mais à d'autres ce sont des foules qui les arpentes. Les tavernes se font pleines à craquer tout comme certains restaurant. Le jeune homme sert les dents légèrement, un poil agacé. Alekseï n'aime pas la foule, il n'aime pas les gens, mais il aime manger comme quarante, il savait très bien qu'il allait avoir du mal à manger à sa faim avec tout ce monde présent au sein des restaurant. Au fond de lui, il priait pour que celui dont il était un habitué ne soit pas trop bondé. Se massant la nuque ; tic nerveux, le jeune soldat aux yeux vert d'eau s'avance lentement, mais sûrement de la rue tant convoité. La fameuse allée Semitonium était connu pour ses bars, ses restaurant et toute sorte de commerces ; mais la gastronomie ici était la meilleur de tout Cassiopeia ; Alekseï en était convaincu. Il marche, d'un pas pressé, la faim lui déchire les entrailles ; oh que oui il avait la dalle, pas de doute la dessus. Un peu de bière, un peu de viande... Non, pas un peu, qu'on lui donne des tonneaux et plusieurs assiettes ; il était fin prêt.

La porte s'ouvre avec violence à son contact alors qu'il cherche du regard une place ou s'asseoir, ce fut une serveuse qui vint le conduire à une table, une table pour l'instant inoccupé ; mais il savait que très bientôt tout ce restaurant serait blindé ; pourquoi ? Parce que c'est l'un des meilleurs de cette allée ; voir le meilleur en fait. Son cœur palpite ; la faim se fait sentir ; on dirait un animal enragé, calme toi Alekseï, t'inquiète pas, tu vas manger. Jillian ne te feras pas l'honneur de te faire goûter encore un de ses plats infâme, un plat préparé avec beaucoup d'amour certes, mais un plat néanmoins immangeable ; peut-être devrait-il lui apprendre ? Lance lui, était bien plus doué dans ce domaine, mais le fait qu'il ne soit scientifique et ingénieur à la fois ne lui permettait pas d'être suffisamment présent à la maison... Jillian devait se sentir bien seule ; peut-être qu'Alekseï passerait lui faire un coucou ce soir ; ou peut-être pas... Car cette maison lui rappelle trop de mauvais souvenirs ; tout dans cette maison lui rappelle sa mère et cet événement tragique. Ouais, y'a pas à dire, cette endroit le hante, l'empêche d'être serein et de dormir.

La bière est servit, il fait un clin d'oeil à la serveuse avant de prendre quelques gorgées. Le reste de sa commande allait arriver, bientôt les pommes de terre, bientôt le pain tout chaud aux lardons, bientôt la viande aux oignons et à l'ail... Il salivait d'avance, d'ailleurs l'odeur de ce lieu ne l'aidait pas ; Alekseï, t'es presque en train de baver. Une assiette arrive et les gens entrent soudainement, beaucoup de gens. Quelqu'un se retrouve conduit à sa table... Oh rage, oh désespoir... Il n'avait aucunement envie d'avoir trois de ses gardes à sa table ; la serveuse avait du penser qu'en tant que garde, les réunir était un bon plan, une bonne manœuvre, mais non... Surtout pas. Il les voit déjà assez au quotidien, pas besoin de les voir en plein repas. Une nouvelle personne fait son apparition ; une personne que la serveuse dirige vers une table inoccupée. Une femme à la chevelure verte ; déconcertante, vraiment belle. Alekseï se retrouve subjugué pendant un temps avant de reprendre ses esprits. Pourquoi ne pas aller à sa table ? Peut-être aurait-elle plus de conversation que ces gardes ; ouais, elle serait certainement beaucoup plus intéressante... Surtout que son visage ne lui disait rien, jamais Alekseï ne l'avait croisé et en vingt ans de vie, il en avait vu des visages... Attrapant son assiette et sa choppe, le jeune garçon s'approche après avoir pesé le pour et le contre. S'asseyant après avoir posé son nécessaire sur la table, le jeune homme dît. Désolé de venir à votre table à l'improviste ; mais la mienne à été soudainement envahit par des barbares pas très intelligent et je me suis dis que votre compagnie serait beaucoup plus agréable que la leur. Le jeune homme s'essuya les mains avant de la tendre à sa comparse en signe de salutation. Je me nomme Alekseï ; et vous ? J'espère ne pas vous déranger, n'hésiter pas à me le dire, je pourrais toujours manger tout seul, dans un coin reclus du restaurant, seul à parler à un mur. … A croire que tu voudrais qu'elle te prenne en pitié Alekseï. C'est tellement peu crédible venant de toi.