Raconte moi ton histoire !

Dans une immense pièce aux murs bleus, un homme en blouse blanche se tenait devant une table. De nombreuses notes épinglées aux murs étaient couvertes de calculs et de symboles incompréhensible pour qui ne versait pas dans le domaine scientifique. Sur un bureau, quelques éprouvettes contenant d'étranges liquides aux couleurs étranges et à utilité inconnue. Au fond de la pièce un genre de lit. Le type de lit avec des barreaux autour, pour que la personne qu'il contient ne puisse en sortir sans l'aide de quelqu'un d'autre. Le tout dans une ambiance livide et silencieuse, dont les seuls sons sont des cliquetis métalliques, des bruits étouffés et quelques remous liquides. La lumière ambiante était émise de deux néons surpuissants au plafond. Sur la table sur laquelle se penchait cet homme se trouvait quelque chose. Plutôt...Quelqu'un. Une petite fille, sans un cheveu sur la tête, avec, dans ses grand yeux gris, un regard triste et vide de la moindre étincelle de vie. Son corps nu gisait sur cette table, couvert de quelques marques de piqûres, et cicatrices, une seringue planté dans le bras par la main de cet homme étrange. Dans sa tête, pas grand chose de plus que dans son regard. Aucune pensée, aucun désir. Juste le vide et la sensation froide des gants en latex sur sa peau la triturant pour quelque obscure raison scientifique. De sa chair émergea la longue aiguille et un morceau de coton vint prendre sa place, appuyant sur sa peau fragile. Posant l'instrument sur un plateau placé non loin de lui, l'homme saisit un carnet et y écrit quelques mots avant de reposer son bloc-note et de glisser ses bras sous les cuisses et la tête de la fillette, puis la soulever. Tout en la portant, il se dirigea vers le lit se trouvant à l'autre bout de la pièce, afin de l'y déposer. Il se dirigea vers la porte de l'endroit, retira ses gants et les jeta dans une petite poubelle à droite de la porte. Il sortit et referma la porte. La lumière s'éteint soudain et comme après une tempête, le calme tomba sur la pièce en même temps que les ténèbres. Ne restait que la petite fille allongée dans son lit, immobile comme une poupée. Ses yeux fixant le plafond comme le ciel. Elle n'imaginait rien. Pour elle, n'existait que cette vie, que ce monde. Un monde carré, silencieux, vide. Et tous les jours, ce même rituel. Son regard devint flou, et de l'eau coulait sur son visage. Qu'étais-ce ?

Le violent éclat des néons brisa le sommeil lourd de la fillette. Sans un mot, elle fut soulevée, puis portée sur la table. Quelque chose était différent.

« C'est donc le résultat de vos recherches ? »

« Absolument. »

Qu'est ce qu'il se passait ? Il y avait deux hommes autour de son corps. Et...Qu'étaient ces sons ?

« Il s'agit là de la phase finale de l'expérience. La création d'une drogue augmentant les capacités cérébrales de manière drastique. Cette fillette n'a été exposée à aucune connaissance, aucun mot, rien du tout. Et pourtant, après l'injection, l'activité de ses neurones sera démultipliée et sa capacité d’apprentissage, de compréhension, de raisonnement et de logique lui permettra de rattraper toutes ses lacunes, voir même de devenir bien plus intelligente que moi. »

« Êtes vous certain du bon fonctionnement de cela ? »

« Eh bien, il existe toujours un risque, mais ma foi, c'est à cela que sert une expérience. »

L'homme saisit une seringue et l'approcha du bras de la petite fille amorphe. L'aiguille perça sa peau et pénétra doucement la chair jusqu'à atteindre la veine. Une petite pression et le contenu de la seringue se rependit dans son sang.

« Et comment allez vous vérifier le succès de votre expérience ? »

« Eh bien, j'ai ici 3 livres. Un premier qui concernent la lecture, l'écriture, les règles de grammaires et autres choses en rapport avec la langue, un second qui recense les thèses scientifiques les plus pointues recensées dans tout Okeanos, et un dernier sur l'histoire de ce monde, les peuples, et la biologie et l'anatomie des habitants de ce monde. Le tout accompagné d'une feuille ou figurent des questions pointues qui demande non seulement d'avoir compris tous les livres mais aussi de raisonner logiquement. Si dans 2 heures elle à complété le test, c'est le temps qu'il m'a fallu pour le résoudre moi même, eh bien l'expérience aura été un succès. »

L'homme posa les livres sur la table à côté de la fillette et sorti avec son collègue en discutant de probabilités et autres doutes.

Une heure plus tard une alarme retentit. Le scientifique et son confrère se précipitèrent vers la salle bleue pour y voir trois gardes gisant au sol et une porte...Ouverte. L'homme couru dans la pièce et constata que la fillette avait disparue. Il trouva les trois livres ouverts et la feuille de teste à moitié achevée. Il se dirigea vers son bureau sur lequel trônait un ordinateur relié aux caméras de surveillances. En visionnant les enregistrements, il constata que la jeune fille avait dévoré les livres avant de commencer le test et s'était arrêtée en plein milieu. S'approchant de la porte, elle avait réussi à l'ouvrir à l'aide du stylo. Sortant de la pièce, et utilisant sans aucun doute ce qu'elle avait appris de l'anatomie, elle avait assommé sans aucun problème les trois gardes, et était partie en marchant vers l'extérieur. Il saisit son téléphone et ordonna à touts les gardes de patrouiller et de retrouver la fillette le plus vite possible.

La petite fille était déjà loin du laboratoire. Elle marchait doucement au hasard des chemins, en regardant le ciel et le paysage. Le monde avait l'air grand. Il avait l'air chaud, il n'avait pas l'air seul. Sans le savoir, cependant, elle se dirigeait vers les districts. Elle se perdit dans les petites ruelles sombres et malsaines de ces quartiers pourris. Elle finit par s'arrêter devant une porte. Elle se rappela de ce qu'elle avait lu dans les livres. Frapper avant d'entrer. Elle frappa.

« Qui est là ? »

« Qui...là ? »

« Qui êtes vous ? »

« Qui là ? »

La porte s'ouvrit sur un homme patibulaire au visage creusé par le travail et la colère. Quand il vit la petite fille, il resta coi un moment.

« Qui est tu petite ? »

« Qui là ? » dit la fillette en souriant

« Kylä...En voilà un nom adorable...Accompagnant un bien joli minois...Tu veux entrer »

L'homme lui prit la main et la fit entrer dans sa maison.

« Qu'est ce qui t'amène ici petite ? Où sont tes parents ? »

La petite fille lui jeta un œil interrogatif. Elle ne comprenait pas vraiment.

« ...Mh...Bien...Héhé...et pourquoi tu es...toute nue ? »

La petite fille le regardait un regard candide, légèrement interrogatif, un petit sourire sur les lèvres. Dans un coin de la pièce, sur une table se trouvait un bouton de rose blanche. Le bourgeon s'ouvrit et se teinta soudain de rouge. Les pétales chutèrent, une à une. Les feuilles, déchirées, perlaient de rosée. Le bout des pétales se mit à faner. Peu à peu, les insectes dévorèrent la rose, ne restant d'elle qu'une fleur en morceaux, s'écrasant sur la table.


La petite marchait sans s'arrêter, s'éloignant de plus en plus des bas quartiers pour se perdre loin de la civilisation. Ses petits pieds abîmés saignaient en se coupant sur les rocher. Et pour qui l'aurait suivi, derrière elle se dessinait un chemin de larmes.

Devant elle un monde inconnu et solitaire s'ouvrait. Peu de perspectives de survie. Elle marcha des jours durant, apprenant jour après jour la violence du monde et sa cruauté.