if i seem dangerous, would you be scared † aamon

« Tu me donnes, à moi, la lourde tâche de monter la garde ? Tu me fais confiance, alors. Tu n'as plus à le cacher... »

Sans démentir ou approuver, elle se contente de se rouler en boule dans ses fourrures, se rapprochant légèrement du feu – avide de sa chaleur, de sa douceur. Ses doigts serrent légèrement ceux du brun, dans un nouveau geste instinctif.
Ca l'énerve.

Il parle, encore ; elle ne l'écoute pas, se complaît dans le silence parfait et se couche sur le dos, observant le ciel. Calme, le ciel. Aucune tempête à l'horizon, juste une infinité d'étoiles – peut-être Earthea les regarde-t-il ? Peut-être est-il le responsable de tout ça ? Oui, c'est sûrement ça. Rien n'arrive par hasard, il est toujours derrière ses fidèles, à les choyer ou les torturer selon leur karma.
Et, définitivement, Kira avait dû être coupable de génocide infantile, dans une autre vie. Pour être coincée avec Aamon, il n'y avait pas d'autre possibilité. C'est là que quelques questions se propagent gaiement dans son esprit, bousillant le peu de sommeil qu'elle avait réussi à rassembler. Sans se redresser, le faciès caché dans la peau d'animal, elle murmure – incertaine qu'il l'entende. Et si ce n'est pas le cas, tant pis.

« T'étais où avant, Aamon ? »

Parlant trop bien pour un Earthea, agissant trop bien pour un Earthea. Elle ne l'avait jamais vu avant, avant qu'il se pointe et détruise tout sur son passage – comme un incendie, un boulet de canon dans le crâne de la petite louve. Ses doigts serrent légèrement ceux du brun, dans un nouveau geste instinctif.
Ca l'énerve.

Elle ne le regarde pas, ne bouge pas, reste dans sa position qui devrait l'aider à dormir ; les nébuleuses lui paraissent aussi loin que moqueuses, comme si leur capacité à s'accrocher dans l'eau des hauteurs les rendaient plus fortes, plus merveilleuses que l'était Kira. Elle ferme les yeux, quelques instants. Prend une légère inspiration, une seconde et une troisième. Profite du son que produisent les flammes crépitantes. Elle pourrait – devrait – s'endormir, mais une petite partie de son esprit reste aux aguets, refusant de s'abandonner entre les mains d'Aamon.
Cette partie dont elle n'a jamais douté, qu'elle a toujours écouté.
Cette parte qui, aujourd'hui, lui semble totalement inutile.
L'instinct, la présence d'esprit.

Elle serre les crocs, les plante dans sa lèvre inférieure comme pour stimuler ses pensées embrumées ; et finalement elle reste là, les yeux fermés mais l'âme éveillée, le corps au repos mais l'esprit méfiant. Elle feint le sommeil par précaution, bercée par la chaleur et le souffle de son acolyte temporaire.

Ses doigts serrent légèrement ceux du brun, dans un nouveau geste instinctif.
Ca ne l'énerve plus.
Et elle fait un pas en avant.

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Aamon. Ce joli surnom l'intrigue – comment s'appelle-t-il réellement ? Elle, la petite Absinthe, n'aurait jamais eu le courage d'endosser un tel prénom. Et pourtant elle fait parfois le même effet, pot dans laquelle on plonge l'ultime cuiller de notre existence. Elle repense à ces chasseurs qu'elle avait failli égorger pour avoir blessé à mort sa tendre nouvelle mère louve et n'en ressent pourtant aucune culpabilité, juste une profonde déception et un soupçon d'amertume pour n'avoir pas pu terminer ce travail si réjouissant.

Et elle se dit qu'au final, le monstre n'est peut-être pas celui aux yeux rouges mais celle aux crocs taillés en pointe. Ça ne l'effraie même pas.

« Je n'ai vraiment pas la tête à venir d'ici, hein ? Avec mon manteau cousu à la machine à coudre et mes couteaux made in Nomades.
- Machine à coudre ? Qu'est-ce que c'est ? »

L'incompréhension frustrée se lit sur son visage, sans pour autant qu'elle le lève pour observer son interlocuteur. Contemplant ciel et étoiles avec la ferveur d'une enfant, elle se contente d'exprimer sa haine de ne pas comprendre d'une nouvelle pression sur les doigts du brun, les siens cachés dans sa main un peu trop large à son goût.

« Je viens d'Okeanos, Kira. Des profondeurs mystérieuses, ouuuh. Je me ferais un plaisir de t'en dire plus, si tu n'as plus peur de moi. »

D'abord coincée dans un silence buté – surtout face au baiser qu'il offre à sa chétive main – elle finit par lâcher un soupir frais et se redresse le temps de lui répondre, une lueur de défi brillant dans son regard dur. Et oh qu'elle sourit, dévoilant ses crocs comme un loup prêt à attaquer, comme le canin qui sourit quelques secondes avant de planter ses canines dans la chair. Ah, elle se sent presque bien, Kira.

« J'ai jamais eu peur de toi. Mais j'déteste Okeanos, ça pue le poisson faisandé et ils utilisent des objets tout en métal qui servent même pas à couper la viande. En plus, ils essayent toujours de négocier le prix de mes proies. »

Ronchonne, elle se recouche – cette fois moins proche du feu, moins loin du brun. Pour mieux l'entendre, qu'elle pense. Sa main libre se réfugie sous les fourrures pour se réchauffer, elle grogne. « Raconte-moi tout. A moi. »

Et pas aux autres, non. Juste à elle, parce qu'elle aime être la première – la seule. Si Aamon était une terre et non un homme, elle aurait été le colon paré pour la déclarer sien, prêt à se battre jusqu'au bout pour la conserver. Mais Aamon est un homme, une menace pour la petite brune ; comme Eclipse, il finira par laisser sa dignité et son service trois-pièces le guider, finira par abandonner la louve à son sort.

Méfiante, elle ne retire pas ses doigts.
Méfiante, elle lui jette un regard suspicieux.

Méfiante, elle est prête à en savoir plus sur cette âme qui la torture déjà trop.

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« Une machine à coudre, c'est un objet mécanique qui… sert à coudre. Tu vois, toi, tu confectionnes tes fourrures à la main ; à Okeanos il y a des usines pour créer des vêtements à tout le monde. Absurde, hein ? L'homme est si flemmard qu'il a besoin de créer des excuses matérialisées pour qu'on fasse les choses à sa place.
- A ce rythme, ils vont faire des machines à vivre. »

Elle grogne la louve, agacée comme elle l'est – des machines qui remplacent les mains, et puis quoi encore ? On ne rentre pas chez soi en pavanant avec un vêtement si on ne l'a pas fait soi-même. C'est comme se vanter d'avoir tué une proie alors qu'on a juste appuyé sur un de ces laids boutons qui semblent être légion à Okeanos.
Décidément, cette contrée l'insupporte.

« [color#dddddd]Je ne te contredis pas. Les Okeanos sont radins, faut s'y faire.[/color]
- Ou simplement trouver d'autres clients. S'ils refusent d'acheter ma viande, alors qu'ils aillent se faire voir. »

Même si elle n'aime pas non plus la cité du ciel, Caelestis a toujours été plus agréable par sa passion pour l'art culinaire – aucun ne rechigne réellement en voyant ses prix (raisonnables de son humble avis) et, quand elle y va, parfois elle peut acheter des tartes. Les tartes, c'est l'une des rares inventions utiles qu'ils ont été foutus d'avoir.

C'est pendant qu'elle se perd dans ses pensées goinfres qu'il en profite pour la piéger, penché vers le visage de Kira il susurre quelques mots qui la font tiquer ; « Qui crois-tu que je suis, Kira ? »

Refusant de lui offrir l'opportunité de se moquer d'elle par son agression presque sexuelle, elle redresse fièrement les épaules et plante ses iris rougeâtres dans ceux du brun, un rictus agressif relevant la commissure de ses lèvres craquelées. Alors elle réduit la distance qui les sépare d'un centimètre, l'air de dire « non seulement j'ai pas peur, mais en plus je joue aussi bien que toi », et elle ronronne, la Louve.

« T'es comme ces avions en toile qu'on donne aux gosses quand ils sont sages. On te jette, tu planes et t'as l'impression de voler, c'est cool tu te sens bien parce que t'es au-dessus. Mais... Ses griffes grattent la peau d'Aamon, prêtes à se planter dedans. Tu vas bientôt tomber, Aamon. T'auras besoin de quelqu'un, et y aura plus personne pour te tendre la main. »

Achevant son discours à quelques millimètres de sa face, elle recule en prenant une vague inspiration – et elle conserve son assurance presque réelle, son sourire s'élargissant pour illustrer ses propos. « T'es un p'tit poisson qu'on a envoyé sur la terre en espérant qu'il apprenne à respirer. » Un p'tit traître qui s'est fait punir en étant coincé parmi les sauvageons, ou qui s'est enfui et n'a pas eu d'autre alternative que les terres pourries qui les entourent.

Kira voudrait voir le ciel, avec ses loups et sans un équipement étouffant. Elle voudrait voir le vrai, pas celui qu'elle imagine au-dessus des racines, avec des milliers d'étoiles qui meurent tous les jours, tous les soirs. Elle voudrait voir la terre, ouais. Les terres maudites dont on lui parle, où on menace de la balancer si elle replante sa lame au mauvais endroit.

« Et t'as intérêt à apprendre vite, même nous on galère à reprendre notre souffle, des fois. »

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« Mais toi, l'as-tu perdu ? »

Ecrasée contre le sol avec une facilité déconcertante, elle le retient son souffle, elle a beau jeter des regards autour d'elle – rien à faire, s'il veut vraiment en finir avec elle ici et maintenant elle aura du mal à se défendre. La panique fait se dresser le duvet de ses bras lorsque les yeux du brun se plantent dans les siens, brûlant tout sur leur passage.
Elle a l'impression que ses iris l'embrasent et lui laissent une traînée glacée le long du corps en même temps.

« Je n'ai jamais été doué pour respirer, sur terre comme sous l'eau. Je ne vis que par quelques battements. Je ne vis que quand je rencontre des personnes fascinantes. »

Ses lippes frôlent celles de la louve et elle n'ose pas reprendre sa respiration avant de se sentir plus ou moins hors de danger – une inspiration paniquée avant que ses lèvres se referment complètement sur les siennes et l'empêchent de souffler, ses tripes se tordent et les phalanges d'Aamon viennent pousser la fourrure qui protège sa peau pâle. Elle pourrait – voudrait – le repousser et oh lui dire d'arrêter lui bouffer la gueule s'il le fallait mais non elle n'en fait rien elle se contente de serrer les poings.

Et quand enfin elle peut aspirer une nouvelle bouffée d'air elle lui lance un regard un peu trop ardent à son goût, consciente que son visage devrait s'être teinté d'une légère touche rosée – et les flammes lui paraissent un peu trop bouillantes, d'un coup. « Et est-ce que tu as rencontré quelqu'un de fascinant, ces derniers temps ? »

Le feu de la curiosité la consume avec l'efficacité de tout ce qui bouillonne entre eux. Sans entreprendre concrètement quoi que ce soit elle fait glisser ses griffes sur le torse de son acolyte, d'une lenteur voulue – comme si elle voulait lui faire croire qu'elle allait le repousser, le rejeter et le laisser pour se pelotonner devant les morceaux de bois crépitants. Mais non elle se contente de l'effleurer jusqu'à la naissance de son haut et le relève toujours en quelques gestes lentement, encore hésitante et la gorge serrée par l'appréhension.

Et elle désire, désire qu'il la trouve fascinante qu'il soit une de ces rares personnes qui l'apprécient – même si c'est peu même si c'est minime si c'est suffisant pour vouloir qu'elle s'offre à lui ça lui va à Kira elle pourrait s'y résoudre et plus elle y pense plus elle se dit que oui elle aussi veut s'y abandonner elle aussi veut goûter à ce dont tout le monde parle ce que tout le monde teste une demi-douzaine d'années avant son âge à elle.

Audacieuse mais pas téméraire, elle laisse le haut à mi-chemin et ne fait qu'apercevoir les bouts de peau laiteuse, bouts qu'elle voudrait aussi bien lacérer que caresser et elle se bat contre elle-même une partie qui veut le dévorer l'autre qui le supplie de ne pas s'arrêter et son regard son regard il dit ce qu'elle finit par murmurer comme une faiblarde, pas sûre qu'il l'entende - « Si tu t'arrêtes, je meurs. » Si tu t'arrêtes, tu ne recommenceras plus jamais.

Faible.

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« Toi, Kira. Tu es fascinante. »

Et ses mots percent ses tympans et ses mots déchirent sa conscience – sa résistance. Elle s'abandonne au baiser qu'il lui offre, savourant inconsciemment le bout de ses phalanges découvrant sa peau et grattant l'épiderme sans qu'elle ne songe même à protester. Profitant d'une accalmie pour reprendre son souffle, Kira mord sèchement sa lèvre inférieure au contact des siennes sur sa gorge, vague point qu'elle a toujours préservé de par sa sensibilité. « Tu ne t'échapperas pas. Et je n'arrêterai pas. »

Elle se redresse légèrement en étirant le cou pour lui laisser un meilleur accès, elle finit par rompre le contact d'un geste paniqué et le repousse – quelques secondes, le temps de décocher n regard ardent à cet infâme être qui la dégoûte autant qu'elle l'attire. De sa propre initiative, elle presse brutalement ses lippes contre les siennes et en mord une, presque énervée ; lorsqu'elle le laisse souffler un peu, c'est son nez qu'elle frotte contre l'oreille d'Aamon, susurrant quelques syllabes haletantes. « T'en sais rien, au fond. »

Sourire – et ses mains agrippent son haut, achevant de le lui retirer dans un petit soupir satisfait. Aussitôt, ses yeux tombent sur son torse et elle essaye d'en apprécier la vue, de le regarder comme un homme et non un bout de chair à lacérer ; elle observe ses iris rouges et la forme de son visage, dévore du bout de ses propres prunelles les courbes de sa gorge. Ses lèvres s'y attardent, retracent la ligne de ses os et caressent sa peau dans un geste dénué de haine – saupoudré d'une fine tendresse. L'espace d'un instant, elle profite de cette situation particulière.