Il semble souvent coincé, Grimm. Froid et coincé. Pire, il l'assume. Sa posture droite, sévère, alerte, son regard d'acier vif et semblant aspirer le monde le rendent encore plus austère, mais Grimm s'en contrefiche. Il est ainsi, il ne s'inquiète pas de ce que peuvent penser les autres. Tant qu'il se plaît et qu'il ne se déteste pas, tout va. Il n'est pas narcissique, il sait ce qu'il y a de dérangeant en lui, il fait une rétrospective personnelle à chaque situation. Seulement, Grimm sait qu'il n'a pas le choix d'être dur. Il n'a pas le temps de se détendre ou plutôt ne se permet pas de se détendre. Il accorde tellement d'importance aux vies présentes et aux vies futures qu'il sacrifie la sienne sans le savoir. Veillant avec une grande patience et d'un courage tenace à la sécurité qu'il peut amener, Grimm prend sur ses épaules le sort de centaines de personnes sans savoir qu'un jour il risque de se briser. Pour l'instant, tout ce qui compte, c'est le monde. Alors Grimm garde la tête haute même lorsque les choses dégénèrent, même quand on piétine durement l'espoir. Quand il sait qu'il y a encore une chance, il donne tout son cœur pour motiver ses troupes et s'il le faut, il fait le premier pas. Certes, il ne s'y prend peut-être pas de la meilleure façon. Grimm ne parle pas d'une voix douce et mielleuse. Il ne rassure pas comme les mères le font pour leur enfant. Il n'élude pas les points négatifs. Il ne passe pas par quatre chemins pour expliquer une situation. Grimm est franc, il manque de tac, ne caresse pas dans le sens du poil et s'exprime de but en blanc. Il commence toujours pas le négatif, mais avec la passion, la loyauté et la détermination, il parvient à mener les hommes au combat.

Et il n'en laisse tomber aucun. En guerre comme en paix, dans la ville comme ailleurs, il tend la main. Avec quelques sermons, quelques réprimandes et critiques paternelles, mais Grimm ne laisse personne de côté. Si quelqu'un peut être aider c'est son devoir de porter secours. Sa justice lui dicte d'être sage et protecteur envers ses frères et sœurs. Il peut rappeler un aîné, restant souvent derrière, encourageant à sa manière. Certains peuvent ne pas aimer, se sentir agresser par sa dureté, mais au fond, Grimm agit pour le bien des autres.

Il ne parle pas beaucoup, tourne sept fois sa langue et médite avant d'avancer une réponse. Grimm observe énormément et use de stratégie, réprimandant les têtes brûlées, soupirant, découragé, lorsqu'on fonce comme un bélier. Mais Grimm a du mordant. Il répond, cynique, clair, concis et n'a pas peur des autres. Sa tête bouillonne de pensées, de paysage célestes et son temps libre est sacrifié aux voyages aériens, à l'entretien et... parfois aux histoires. Quand il accepte de déambuler dans les rues, Grimm se pose souvent à la même place, attendant les enfants qu'il a appris à connaître. Il leur raconte volontiers les prouesses des soldats ou les anecdotes du quotidien. Et il invente aussi. Grimm n'est pas le meilleur pour faire de jolies fioritures féériques, mais sa voix grave, suave et posée font l'affaire pour laisser les enfants rêver.

Les plaisanteries. Grimm a tellement de la misère avec les jeux de mots et les double-sens. Il n'arrive pas à rire, ne saisit pas les punch et grogne en se renfrognant, se sentant stupide. C'est vrai, il est un peu bête sur les bords, quand on le cherche, quand on lui casse du sucre sur le dos et qu'on joue avec ses nerfs. Il jure, sa franchise devenant plus vulgaire et pour se détendre, il s'acharne sur des mécanismes à renouveler. Grimm trouve qu'il manque de passion, qu'il est asocial, qu'il manque de vie et qu'il n'est peut-être pas le meilleur Lieutenant Général. Parfois, il se dit qu'il aurait dû rester un simple soldat, mais en sachant qu'on compte sur lui, il évince cette pensée d'un revers de la main. Il accepte les erreurs et les échecs, il préfère en avoir plutôt que de posséder une route parfaite. Il apprend, il se construit et il se perfectionne en chutant, alors Grimm ne rage pas devant une défaite. Il hoche la tête, reconnaît la valeur et félicite.

Seulement, il a un problème. Grimm, indépendant qu'il est, ne croit pas nécessairement aux divinités et peu touché par les Siècles Abandonnés, il préfère bâtir le futur grâce à la force humaine et non à celle divine. Mais ça, il évite d'en parler, il pourrait se faire rejeter. Il sait, ô combien ces siècles sont encore en mémoire, ô comme les hommes ont souffert et que leurs prédécesseurs ont dû mordre la poussière, mais Grimm ne pense pas qu'il doit s'apitoyer sur ce sort, le pleurer, le ressasser. Ça paraît insensible, mais il préfère penser à l'avenir et prévenir du mieux qu'il peut un éventuel retour. À ce moment-là, Grimm se donnera corps et âme afin d'empêcher de nouveaux siècles abandonnés, car cette fois-ci, il sera là pour pouvoir agir.

La justice de Grimm est claire : « Roi, reine, dictateur, peuples, nomades. Le titre importe peu si on ne parvient pas à considérer l'autre sur le même pied d'égalité. Si je peux exister, c'est que l'autre en possède aussi la liberté. »

En gros, l'existence humaine prime avant tout et il se bat vaillamment pour sa préservation, jugeant d'un œil acéré, impartial. La justice est meilleure que l'égalité.

Il a volé. Aussi haut que lui permettait l'engin dans sa finesse et sa rapidité. Il a transpercé les nuages jusqu'à ce que le ciel en soit dégagé et lorsque le soleil à peint le firmament, dans une éclaboussure d'ocre et de vermillon, il s'est laissé planer, le vent sifflant sur les ailes. Plus rien d'autre n'existait. Il avait l'infini crépusculaire au-dessus de sa tête et le vide céleste à ses pieds. Il flottait entre deux mondes, entre ciel et terre. C'est là qu'il pouvait enfin goûter à la liberté. Ô! Comme elle lui était éphémère et bien avant la guerre, il pilotait pour son propre plaisir. Il prenait les rênes aériennes afin de percer les obstacles et dans son armure déployée, il se sentait à l'abri de tous les dangers. C'est l'amour de son père pour les airs qui l'a influencé et parmi tous les héritages qui ont pu lui être transmis, celui-ci est le plus magnifique. Grimm se rappelle, le soir en fermant les yeux, des vols fantastiques que faisait son père. Il voit l'engin fendre l'air et s'entend encore crier de plaisir. Plus haut! Monte au-delà des nuages!

Et même s'il a vu le coursier céleste s'écraser, emportant l'aviateur avec lui, Grimm n'a toujours qu'une envie, c'est de prendre les commandes, attendre les ordres de son général et accomplir les plus dangereuses missions, à bord de son vaillant compagnon. Il n'y aura qu'une façon de mourir, ce sera au nom de sa justice, la tête pleine d'étoiles et le corps gorgé de nuages. La seule chose qui ait changé à la mort de son paternel, c'est son caractère. Grimm s'est durci, Grimm s'est assagi et s'est promis qu'avant sa mort, il sera parvenu à reconstruire le monde. Il aura réussi à mettre sa brique dans un projet que l'on peut penser farfelu et déraillé : l'unification des nations. Grimm ne veut pas mourir inutilement. La perte de quelqu'un est quelque chose de trop percutant. Il faut que ça cesse, il faut changer l'histoire.

On se demande encore de quelle manière il est parvenu au titre de lieutenant. On se souvient encore de son père et on se dit qu'il n'a fait que suivre le même destin. Il a ça dans le sang, Grimm. Le goût du risque, l'assurance des choses et déjà quand il n'avait pas l'esprit assez éveillé pour réfléchir, il s'emparait de ses fausses armes et en menaçait son père. Il en prenait tous ses enseignements, toutes ses morales, tous ses principes. Il a construit sa justice sur les idéaux de son père et à cru en Caelestis afin de pouvoir avancer. Grimm s'est performer dans toute l'art qu'est la guerre afin de rendre celle-ci plus juste et toute sa vie, jusqu'à ses vingt-cinq ans, s'est résumée à sa fidélité envers son royaume, envers ses prouesses aériennes. Grimm a repoussé maints et maints obstacles. Grimm savait ordonner, coopérer et organiser les troupes. Il avait des plans actifs, défensifs et pas à un seul moment il fuyait. Il abandonnait quand il savait qu'il s'agissait de pertes inutiles et Grimm s'est consacré au maintien de l'armée, à l'aviation et au port d'armes toute sa vie. Il voue le respect royal accordé à sa majesté et continue à chaque jour de vivre dans l'ancienne maison de son père.

Il y a découvert des cartes, de vieilles cartes venues d'ailleurs, venues des nomades. Il a retiré la poussière, il a nettoyé la vitre du toit et tous les soirs, Grimm s'étend sur le lit de son prédécesseur et contemple la voute céleste. Il travaille d'arrache pied, s'active dans toute la ville et ne revient qu'à la nuit tombée. Il n'a que très peu de souvenirs de sa mère, mais quand il cherche dans son esprit, il en ressort une douce chaleur où la nostalgie palpite timidement. Il aurait voulu se rappeler des délices maternelles, des contines qui le berçaient le soir et des caresses rassurantes de ses cauchemars.

En échange, Grimm garde précieusement en mémoire les marches paternelles, les rires, les combats, les découvertes, les vols et les chants de guerre de son père. Encore aujourd'hui, lorsqu'il arpente la ruelle menant jusqu'à chez lui, Grimm revoit l'enfant escaladant les pierres ou porté sur les épaules de son géniteur. Il entend encore le bruit de moteur qu'il imitait avec ses lèvres en trottinant et les paroles qu'il murmurait de ces vieilles chansons d'antan. Il voudrait en sourire, soupirer de plaisir et en rire, mais il n'en a plus le temps. Grimm ne se laisse pas de repos et continue son rôle avec vaillance, refusant de s'abandonner au passé. Il referme alors la porte de la demeure et reprend le chemin jusqu'à la zone militaire. Il a un devoir à accomplir, Grimm ne peut plus rêvasser d'un temps léger.

Il jette un coup d'œil vers le palais et son visage sérieux, réfléchi, médite sur sa nouvelle vie.

« Te voilà Lieutenant Général. Je te félicite maintenant et seulement maintenant. Fais en sorte de ne pas décevoir le royaume. Des vies entières sont entre tes mains à présent. Je compte sur toi afin de m'épauler comme ton père l'a fait il y a longtemps. »

Le vent dans les cheveux, tes prunelles d'acier font briller une lueur déterminée, assurée.

« Oui mon général. »

Pif Cacahuète Salopette


Ça fait trois mots ça. 8D *MEURS*
Bref, j'vous aime, vous êtes fantastiques, faites de moi un membre tout fidèle. Hoho.